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Addis-Abeba: ONE salue l’accent mis sur les plus pauvres mais attend des actions concrètes au-delà des promesses

Addis-Abeba, le 16 juillet 2015A l’issue de la troisième Conférence sur le financement du développement, les dirigeants du monde se sont engagés sur le Programme d’action d’Addis-Abeba, un nouvel accord mondial sur le financement des efforts globaux pour mettre fin à l’extrême pauvreté.

Michael Elliott, président et directeur international de ONE, a réagi à cet accord :

« Contre toute attente, les dirigeants mondiaux se sont engagés sur un accord qui pourrait redéfinir la façon dont les pays en développement seront accompagnés vers la croissance et la prospérité. Cependant, le niveau d’ambition affiché de cet accord n’est pas suffisant pour atteindre les futurs Objectifs de développement durable. Des mesures clés ont été revues à la baisse au cours des négociations. Néanmoins, ce Programme d’action apporte une base valable pour passer à l’action et contient quelques rares éléments très positifs.  

« La priorité est désormais accordée aux plus pauvres, en particulier les femmes et les filles, ce qui est essentiel pour mettre fin à l’extrême pauvreté.

« A tous les niveaux dans les pays les plus pauvres, on empêche les femmes et les filles d’atteindre leur plein potentiel. À Addis-Abeba, l’annonce de mesures politiques et d’investissements ciblés sur leur santé, leur éducation et leurs droits économiques pourrait leur permettre, à elles, mais aussi à leur famille et à leurs communautés, de se sortir de la pauvreté. 

« ONE se réjouit que le texte reconnaisse que davantage doit être fait pour soutenir les pays les moins avancés sur la voie de l’autonomie et qu’il donne du crédit aux bailleurs de fonds qui allouent au moins la moitié de leur aide à ces pays qui en ont le plus besoin. Dans le même temps, les pays en développement ont reconnu qu’ils doivent accroître leurs ressources domestiques et réduire les flux financiers illicites. Ensemble, ces mesures pourraient fournir un financement essentiel pour rendre les services de base tels que la santé et l’éducation accessibles à tous, un nouvel engagement clé  pris dans le cadre d’Addis-Abeba.

« Une véritable bonne nouvelle porte sur la révolution de données : à Addis-Abeba, nous sommes  passés des paroles aux actes, et nous sommes fiers d’avoir travaillé avec des partenaires publics et privés pour amorcer une cartographie de l’extrême pauvreté et des ressources nécessaires pour y mettre fin.

« Nous sommes déçus que les mesures portant sur la transparence, la mobilisation des ressources domestiques et le financement des infrastructures ne soient pas suffisantes. Le Programme d’action dans sa totalité nécessitera un suivi rigoureux, mais le texte ne prévoit pas les mécanismes de redevabilité nécessaires.

« Mais les bases ont été posées, il faut maintenant passer à la phase cruciale de mise en œuvre. Nous allons, tout comme beaucoup d’autres acteurs,  garder un œil sur ce que nos gouvernements en feront.»

 

En amont de ce rendez-vous d’Addis-Abeba, ONE avait énoncé un plan en cinq points, afin d’accélérer les progrès vers la fin de l’extrême pauvreté et les maladies évitables. L’analyse de ONE des résultats de cette Conférence se fonde sur les avancées réalisées dans ces cinq domaines, que ce soit dans le Programme d’action en lui-même mais aussi dans le cadre des diverses annonces faites en marge de la Conférence.

Les demandes de ONE et les résultats de la Conférence d’Addis-Abeba

  1. L’accès aux services de base : Un financement minimum pour assurer les besoins fondamentaux de chaque personne, en particulier en santé et éducation, avec un accent mis sur les femmes et les filles.

VERDICT: Bon. Dans le Programme d’action, tous les pays se sont engagés sur un pacte social pour donner accès aux services essentiels ; cet engagement doit maintenant être suivi de plans nationaux clairs et concrets, financés par des fonds publics du Nord et du Sud.

Le mécanisme de financement mondial, « Global Financing Facility », est un nouveau partenariat mondial qui permettra de soutenir les plans nationaux de pays en développement dans le domaine de la santé maternelle et infantile. Ce partenariat public et privé a reçu des contributions des États-Unis, du Canada, du Japon, de la Norvège et de la Fondation Bill & Melinda Gates.

Des partenariats ont été forgés dans le secteur de la nutrition afin d’augmenter les investissements et la collecte de données sur cette question.

 

  1. L’augmentation des recettes publiques : Les pays en développement devraient accroître leurs recettes grâce à la mise en œuvre de politiques fiscales équitables, à la lutte contre la corruption et contre les flux financiers illicites.

VERDICT: Pas suffisant. La Conférence d’Addis-Abeba a finalement permis de mettre la mobilisation des ressources domestiques au cœur de l’agenda mondial, et des engagements ont été pris pour augmenter ces ressources et réduire les flux financiers illicites. Cependant, le Programme d’action est loin de garantir la transparence totale et la responsabilisation des acteurs. L’accès public au reporting pays par pays des multinationales et aux informations sur les bénéficiaires effectifs des sociétés, un engagement fort sur l’échange automatique d’informations fiscales, et des règles contraignantes pour la transparence des activités extractives sont absents du document final.

En parallèle de la Conférence, plus de 30 pays et institutions se sont engagés sur l’Initiative fiscale d’Addis, « Addis tax initiative », qui contribuera à renforcer les systèmes fiscaux dans les pays en développement, et comprend une promesse de doubler l’aide dans ce domaine.

 

  1. L’augmentation de l’aide au développement en faveur des plus pauvres: Au moins 50% de l’aide publique au développement (APD) doivent être alloués aux pays les moins avancés (PMA) et les donateurs doivent fixer un calendrier pour atteindre l’objectif international de consacrer 0,7% du revenu national brut (RNB) à l’aide.

VERDICT: Bonne dynamique. Le texte réaffirme les engagements passés en faveur de l’APD, y compris les 0,7% (bien que sans calendrier précis) et la promesse d’allouer de 0,15 à 0,2% du RNB aux PMA. Le document final note avec préoccupation que la part d’aide aux PMA est décroissante et mentionne positivement la nouvelle cible de 50%. Cependant il ne prévoit pas de calendrier pour l’atteinte de ces objectifs d’aide, et le texte concernant la cible des 50% en faveur des PMA a été revu à la baisse. Grâce à certains pays, nous espérons qu’une dynamique positive se mettra en place : La Belgique et l’Irlande se sont toutes deux engagés sur ce dernier objectif et les accords de Bretton Woods II stipuleront que 50% des investissements d’impact des fonds privés devront aller vers les PMA. Il faut maintenant que davantage de pays suivent ces exemples.

 

  1. La croissance inclusive durable : Des investissements spécifiques doivent être réalisés pour stimuler la productivité, en particulier dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures, de l’énergie, du commerce et du financement privé.

VERDICT: Des progrès encourageants : Les États-Unis et l’Union européenne se sont engagés à travailler ensemble sur l’initiative « Power Africa », entre autres à travers la nouvelle initiative européenne «ElectriFI» qui vise à investir 270 millions d’euros dans les énergies renouvelables et durables d’ici à 2017 et à fournir un accès à l’énergie pour 500 millions de personnes dans les pays en développement d’ici à 2030.

Des pays se sont aussi mis d’accord pour établir un Forum international sur les infrastructures, le « Global Infrastructure Forum », pour identifier et répondre aux pénuries d’infrastructures durables.  Cependant aucun engagement financier n’accompagne ce Forum. Le rôle du secteur privé dans le développement a été reconnu – il faut désormais que des règles garantissent que la participation du secteur privé bénéficie toujours aux plus pauvres.

 

  1. Une révolution des données afin de s’assurer que les engagements seront tenus.

VERDICT: Un début prometteur. Le Programme d’action met l’accent sur les données ouvertes de haute qualité, et engage les gouvernements à fournir un soutien aux pays en développement, notamment aux PMA, dans le renfort de leurs capacités statistiques nationales.

Après Addis-Abeba, le véritable test pour la communauté internationale sera de transformer ces promesses en action avec des engagements transparents, assortis d’un calendrier et de responsabilités claires.

Cette mise en œuvre a commencé en marge du sommet. Des engagements ont été pris pour répondre à la pénurie de données qui inhibe la capacité des gouvernements à faire des investissements intelligents pour combattre la pauvreté. Plus de 20 acteurs internationaux, dont la Belgique, le Kenya, le Mexique, le Sénégal, l’Italie et les Etats-Unis, le Groupe de la Banque mondiale, UNSDSN, CIVICUS et Mastercard se sont engagés à former un Partenariat mondial pour les données du développement durable, qui serait lancé en septembre prochain.

 

De plus, ONE a appelé à se focaliser en priorité sur les femmes et les filles.

VERDICT: Des progrès notables qui devront être suivis d’actions concrètes. Le Programme d’action d’Addis-Abeba va au-delà des précédentes Conférences sur le financement du développement sur cette question, mais les promesses ne suffiront pas.

À Addis-Abeba, certains pays et partenaires ont lancé un plan d’action sur le financement de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, « Action Plan on Transformative Financing for Gender Equality and Women’s Empowerment ». Ce plan comprend le lancement de réformes politiques et l’augmentation considérable des investissements pour garantir l’égalité des sexes, notamment au travers d’un meilleur suivi et de la publication des dépenses publiques dans ce domaine et un engagement à combler les pénuries de données.

ONE analysera les engagements en détails selon les principes suivants (appelés TRACK) :  ils devront être Transparents, axés sur les Résultats, Additionnels, sans ambiguïté sur les Conditions posées et, respectés (Kept en anglais).

 

Contacts :

Pour ONE France :

Annabel Hervieu – [email protected] – +33 6 31 22 89 68

ou Charlotte Grignard – [email protected] – 01 40 64 17 06

 

à Addis-Abeba :

Sandra McKay – [email protected] – +44 7500 797 599

 

À propos de ONE

ONE est une organisation mondiale de plaidoyer et de campagne, cofondée par Bono, qui lutte contre l’extrême pauvreté, essentiellement en Afrique. ONE est soutenue par près de 7 millions de personnes à travers la planète et compte plus de 250 000 membres en France. Pour plus d’information: www.one.org/fr