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«Malgré les Panama Papers, la Commission européenne toujours trop frileuse en terme de transparence »

Paris, le 12 avril 2016 – la Commission européenne a présenté aujourd’hui une proposition législative concernant les conditions d’accès public au reporting pays par pays des multinationales.

Cette nouvelle proposition ne s’appliquera qu’aux entreprises qui ont un chiffre d’affaire supérieur à 750 millions d’euros et uniquement pour leurs activités en Europe. En réaction au scandale des Panama Papers, la Commission suggère d’étendre cette publication des informations au-delà de l’Europe mais seulement pour les activités réalisées dans les paradis fiscaux, dont la liste reste encore à négocier au niveau européen.

L’étude d’impact présentée dans le même temps reconnaît pourtant que l’accès du public à toutes les  informations est un moyen utile pour faire pression sur les entreprises et les Etats membres dans la lutte contre l’évasion fiscale et que celui-ci permettrait aussi aux pays en développement d’augmenter la collecte de taxes pour financer les services publics.

 

Friederike Röder, directrice France de ONE, déclare :

« La proposition de la Commission européenne rate sa cible. La seule façon de lutter efficacement contre l’évasion fiscale en Europe et dans le monde est de publier l’intégralité du reporting des activités des grandes entreprises européennes dans tous les pays où elles sont actives, comme c’est déjà le cas pour les banques, et pas uniquement en Europe ou dans quelques paradis fiscaux.

L’accès public proposé par la Commission est restreint et donc insuffisant.

Les pays en développement ne pourront en bénéficier malgré leur besoin urgent de stopper la fuite des flux financiers illicites qui leur fait perdre chaque année au moins mille milliards de dollars.

De plus, la Commission propose de limiter ce reporting public à certaines informations et aux plus grandes entreprises uniquement. Or, sans une vision globale des activités des multinationales, ce reporting demeurera partiel et cette proposition ne permettra pas de lutter efficacement contre l’évasion fiscale en Europe comme dans les pays en développement.

Cette proposition n’est qu’une première étape. Si les Etats européens souhaitent s’attaquer sérieusement à l’évasion fiscale, ils doivent soutenir un vrai reporting public et complet, en coordination avec le Parlement. »

 

Contact: Annabel Hervieu / [email protected] / + 33 6 31 22 89 68

 

Notes aux rédactions :

  1. Analyse détaillée de ONE sur la proposition :
  • No full country by country reporting – reporting on activities in EU member states and possibly a limited set of tax havens (still to be defined) only:

The major weakness of the proposal is that it doesn’t require companies to disclose their reporting for all countries in which they have activities, contrary to the reporting requirements that already apply to EU banks that cover the activities of European banks anywhere in the world.

It won’t show activities of the European multinational companies in developing countries in which illicit financial flows account for at least $1 trillion every year, money that properly taxed could be invested in essential services such as education and health.

Even though the Commission suggests to extend the public reporting to tax havens (based on a black list that would first have to be defined and adopted), this is not sufficient, neither for Europe nor for poor countries. Countries today not covered by this partial reporting could emerge into new tax havens and illegal tax evasion would then be only diverted to these places, but wouldn’t be stopped.

  • High threshold – coverage of multinationals with a turnover of more than 750 million euros only:

The EU proposal doesn’t capture a sufficient number of companies: it only captures multinationals with a turnover of more than 750 million euros which leaves out 85% of multinationals internationally and would set the wrong precedent. Especially in developing countries ‘smaller’ multinationals can have a huge impact, as the example of the company London Mining shows. The company has a global turnover of ‘only’ 226 million euros but its activities in Sierra Leone represent 10% of its GDP. Other transparency regulations in the EU apply to all “large undertakings”, i.e. all companies to which two of the following criteria apply: a turnover of more than 40 million euros, a balance of 20 million euros, and/ or more than 250 employees.

  • Limited list of information to be disclosed

The proposal doesn’t include crucial information that needs to be part of the public reporting in order to be able to assess whether a multinational company has a real economic activity in a given country or not: the reporting should also encompass  the list of subsidiaries and activities per country as well as the sales and assets.

  • The rules apply to EU companies but also foreign companies with subsidiaries in Europe

Applying the rules not just to EU companies, but requiring any large multinational with subsidiaries in Europe to report on their taxes as well is a very good step. It ensures a level playing field between EU companies and non-EU companies (many of which have subsidiaries in the EU). This level playing field helps build a global standard of transparency, because it incentivises the creation of similar laws in other jurisdictions.

 

  1. ONE est une organisation mondiale de plaidoyer et de campagne, cofondée par Bono, qui lutte contre l’extrême pauvreté, essentiellement en Afrique. ONE est soutenue par 7 millions de personnes à travers la planète et compte plus de 350 000 membres en France. Pour plus d’information : one.org