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Rapport DATA 2014 – “Moins d’un quart de l’aide française alloué aux pays les plus pauvres”

Paris, le 6 octobre 2014 – Alors que l’Assemblée nationale discute actuellement de la part du budget 2015 qui sera attribuée à l’aide publique au développement, ONE France dévoile, dans son nouveau rapport DATA 2014, « Lutter contre la pauvreté et financer l’avenir de l’Afrique », la réalité de l’effort financier de la France pour lutter contre l’extrême pauvreté dans le monde.

Ce rapport révèle que la France, non seulement, réduit année après année son aide publique au développement mais que, pire encore, son aide bénéficie de moins en moins aux pays les plus pauvres.

Les pays les plus pauvres de moins en moins prioritaires

D’après le rapport DATA, moins d’un quart du budget d’aide au développement de la France en 2012 a été alloué aux pays les moins avancés, soit 23,5% de l’ensemble de l’aide de la France – contre une moyenne de 31,9% sur l’ensemble des pays donateurs membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE.

A noter que cette estimation est haute car l’intégralité de cette somme ne sert pas directement à lutter contre l’extrême pauvreté dans ces pays puisqu’elle inclut notamment des prêts et des dépenses sur le territoire français1.

 « La réalité de l’aide de la France est déroutante, voire très inquiétante. Quand on voit que moins d’un quart de l’aide française est alloué aux pays les plus pauvres, on est en droit de se demander quel est vraiment l’objectif de la politique de développement de la France. 

L’aide au développement a prouvé son efficacité en contribuant à la réduction de moitié de l’extrême pauvreté en vingt ans. Extrême pauvreté qui pourrait être réduite à néant d’ici à 2030 à condition que tous les pays donateurs réaffirment leur engagement et que l’aide continue de soutenir en priorité ceux qui en ont le plus besoin » déclare Friederike Röder, directrice de ONE France. 

Un budget global de l’aide française en recul depuis 2011, une tendance confirmée jusqu’en 2017

La France coupe son aide au développement de manière récurrente depuis 20112 et le peu qui reste ne va pas en priorité vers ceux qui en ont le plus besoin.

Une situation qui ne va aller que de mal en pis au vu du nouveau budget 2015-2017 présenté par le gouvernement le 1er octobre. D’après ce budget, la mission Aide au développement va être de nouveau coupée de 210 millions d’euros entre 2014 et 20173, malgré une croissance prévue à 1,9 % en 2017.

« Le budget 2015-2017 confirme nos pires craintes. Son application signifierait que sur l’ensemble du mandat de François Hollande, la mission d’aide au développement serait coupée de près de 20% 4, un coup de rabot considérable malgré sa promesse d’augmenter le budget d’aide avec le retour de la croissance5.

La France se désengage un peu plus chaque année de la lutte mondiale contre l’extrême pauvreté et, si elle continue sur cette pente glissante, elle renoncera aussi à jouer, à l’avenir, un rôle de premier plan face aux défis globaux, comme les crises sanitaires que nous connaissons aujourd’hui », conclut Friederike Röder.

Vous trouverez l’intégralité du rapport ici : http://www.one.org/fr/rapports/le-rapport-data-2014/

 

Notes aux rédacteurs :

  1. Détails de l’aide aux pays les moins avancés: selon les estimations de ONE, environ 28% de cette aide n’a pas quitté le territoire français (frais d’accueil des étudiants étrangers et d’accueil des réfugiés par exemple) et 11% sont des prêts, ce qui signifie que seulement 61% de cette aide aux pays les moins avancés constitue vraiment des crédits budgétaires directement alloués aux secteurs sociaux, comme la santé et l’éducation, secteurs clés pour lutter contre l’extrême pauvreté.
  1. L’aide au développement de la France est en baisse depuis quatre années consécutives. De 0,44% d’allocation de son revenu national brut à l’aide en 2010, la France est passé à 0,38% en 2013 (calcul ONE qui exclut les annulations de dettes). La même année, le Royaume-Uni tenait la promesse internationale d’allouer 0,7% de son revenu à l’aide vers les plus pauvres (plus précisément, le Royaume-Uni alloue 0,72% à l’APD, selon les calculs de l’OCDE et de ONE).
  1. La mission APD sera coupée au total de 7,3% entre 2015 et 2017 ce qui représente 210 millions d’euros en moins pour lutter contre l’extrême pauvreté. Ces 210 millions d’euros auraient pu financer 7 millions de vaccins pour les enfants de moins de cinq ans.
  1. Baisse de la mission Aide publique au développement au cours du mandat de François Hollande: Entre 2012 et 2017, la mission APD serait coupée de 19,34 % (638 millions d’euros), taxes comprises.
  1. Lors de la clôture des Assises du développement le 1er mars 2013, François Hollande avait déclaré: « […] pouvons-nous encore, au regard des difficultés que nous traversons sur le plan économique, sur le plan budgétaire, pouvons-nous encore conserver une politique ambitieuse de développement ? A cette question qui est posée notamment à la France, compte tenu de son rang, de sa place, de son histoire, de ses valeurs, je réponds « oui ». Nous le pouvons, nous le devons, nous le ferons. […] C’est pourquoi, dès lors que nous renouerons avec la croissance, (…) nous pourrons reprendre une trajectoire ascendante vers les objectifs internationaux que nous nous sommes fixés. »
  1. ONE est une organisation mondiale de plaidoyer et de campagne, cofondée par Bono, qui lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables, essentiellement en Afrique. ONE est soutenue par près de 6 millions de personnes à travers la planète et compte 150 000 membres en France. Pour plus d’informations one.org/fr

 

Contact: Annabel Hervieu – [email protected] – 06 31 22 89 68