« La pauvreté est sexiste. » – Nouveau rapport
Paris, le 8 mars 2015 – A l’occasion de la journée internationale de la femme, ONE publie un nouveau rapport pour dénoncer la double peine subie par les femmes dans les pays en développement : celle d’être née femme et dans un pays pauvre. Encore plus touchées par les différents aspects de la pauvreté que les hommes, les femmes et les filles doivent devenir la priorité de la communauté internationale si celle-ci veut réussir à vaincre ce fléau d’ici à 2030.
La pauvreté et l’inégalité des sexes vont de pair.
Pour prendre toute la mesure de ce préjudice, ONE a analysé la situation des femmes et des filles dans les pays les moins avancés (PMA) via des indicateurs clés liés au genre, dans différents secteurs sociaux et économiques. Les disparités constatées s’expliquent par les nombreux obstacles structurels, sociaux, économiques et politiques que les femmes et les filles des pays en développement subissent encore davantage que dans d’autres pays.
- Dans les PMA, le taux moyen d’alphabétisation des femmes correspond à peine aux deux tiers de celui des hommes (68,5 %) contre une quasi-inégalité dans les autres pays (94,8%).
- En Afrique subsaharienne, 58 % sont des femmes et, de manière générale, les femmes âgées de 15 à 24 ans ont deux fois plus de risques de contracter le VIH que les hommes de la même tranche d’âge.
- Les fumées provoquées par les feux de bois de cuisine à l’intérieur des foyers sont responsables de plus d’un demi-million de décès de femmes chaque année à travers le monde.
« Les inégalités entre les femmes et les hommes sont malheureusement une réalité dans tous les pays du monde. Cependant ce rapport montre que cette discrimination est bien pire dans les pays en développement », déclare Friederike Röder, directrice de ONE France.
Les femmes et les filles, parents pauvres de la lutte contre l’extrême pauvreté
Malgré un programme ambitieux défini par les Nations unies en 2000, dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement, et des progrès impressionnants réalisés depuis dans la lutte contre l’extrême pauvreté, ceux-ci n’ont pas bénéficié autant aux femmes et aux filles qu’aux hommes.
- La mortalité maternelle a été réduite de 45% entre 1990 et 2013 certes, mais l’objectif était de la réduire de 75% d’ici à 2015. En Sierra Leone, une femme a 122 fois plus de risques de mourir en couches qu’une femme vivant en France.
- Depuis 1990, le taux d’alphabétisation des femmes dans le monde n’a pas augmenté : elles représentent deux tiers de la population analphabète du monde.
- En Afrique subsaharienne, 86 % des femmes occupent un emploi précaire, contre 70 % des hommes ; un taux qui n’a baissé que de 1% en 15 ans.
Pas d’éradication de l’extrême pauvreté sans priorisation des femmes et des filles
Le rapport de ONE démontre aussi les opportunités pour le monde entier que représenteraient la priorisation des femmes et des filles dans les projets de développement :
- Offrir aux agricultrices le même accès aux ressources de production qu’aux agriculteurs pourrait réduire de 100 à 150 millions le nombre de personnes touchées par la faim.
- Si toutes les femmes bénéficiaient d’une éducation secondaire, la mortalité infantile serait réduite de 49 % (soit 2,8 millions de vies sauvées), le nombre de mariages précoces de 64 % et le nombre de grossesses précoces de 59 %.
- La diminution des disparités concernant le taux d’emploi entre les hommes et les femmes d’ici à 2017 pourrait générer 1,6 mille milliards de dollars de revenus supplémentaires.
L’année 2015 verra le monde s’engager sur un nouvel ensemble d’Objectifs de développement durable (ODD) destiné à remplacer les Objectifs du Millénaire pour le développement et à éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2030. Les femmes et les filles doivent être la cible prioritaire de ces objectifs et de leur financement.
« Les femmes et les filles n’ont pas profité à part égale avec les hommes des importants progrès réalisés depuis 1990 dans la lutte contre l’extrême pauvreté.
Elles ont été lésées par le passé ; 2015 doit être l’occasion de remédier à cette injustice.
Pour mettre un terme à l’extrême pauvreté dans le monde, nous devons commencer par les femmes et les filles », conclut Friederike Röder.
Une pétition à l’attention du G7 et d’Angela Merkel
Le sommet du G7 en Allemagne sera la prochaine grande occasion politique de mettre les femmes et les filles au cœur de l’agenda du développement. C’est pourquoi ONE lance dès aujourd’hui une pétition à l’attention des dirigeants de ces 7 pays les plus riches du monde et notamment de la chancelière Angela Merkel. Cette pétition est la première action d’une campagne internationale de mobilisation qui se poursuivra tout au long de l’année.
Contact: Annabel Hervieu / [email protected] / + 33 6 31 22 89 68
Notes aux rédacteurs :
- Le rapport est disponible sous embargo sur demande et sera en ligne le 8 mars sur le site de ONE.
- Les sources, d’autres statistiques ainsi que l’intégralité des recommandations de ONE sont disponibles dans le rapport.
À propos de ONE
ONE est une organisation mondiale de plaidoyer et de campagne, cofondée par Bono, qui lutte contre l’extrême pauvreté, essentiellement en Afrique. ONE est soutenue par plus de 6 millions de personnes à travers la planète et compte plus de 230 000 membres en France.
Pour plus d’information: www.one.org/fr