G7 – L’analyse détaillée de la déclaration de Schloss Elmau
Voici l’analyse détaillée, thème par thème, du communiqué final du G7. Pour retrouver la réaction de ONE France, cliquez ici
Aide publique au développement
C’est la première fois que l’objectif d’allouer 0,7% de la richesse nationale à l’aide publique au développement, engagement pris par plusieurs Etats, est mentionné dans le communiqué principal du G7. C’est aussi la première fois qu’un document du G7/G8 y fait référence depuis 2005. C’est un signe encourageant un mois avant la conférence sur le financement du développement d’Addis-Abeba. Cependant, cet objectif doit être accompagné d’un échéancier crédible et ambitieux, avec comme cible 2020.
L’APD à destination des pays les moins avancés (PMA), comme le Mali ou le Liberia, n’a cessé de diminuer depuis 2010. La reconnaissance du G7 de la nécessité d’inverser cette tendance est bienvenue. Nous sommes déçus de voir que ces pays n’ont pas encore suivi l’exemple d’autres pays développés, comme la Belgique et l’Irlande, en se mettant d’accord sur un engagement plus concret : au moins 50% de l’aide devrait être allouée aux pays les plus pauvres, au plus tard en 2020. A titre d’exemple, seul 30% de l’aide globale va aujourd’hui à cette catégorie de pays, ce qui est inacceptable étant donné l’extrême pauvreté que subit leur population.
Financement pour le climat
ONE salue la confirmation du G7 de mobiliser, aux côtés de leurs autres partenaires, 100 milliards de dollars pour la lutte contre le changement climatique. Les dirigeants doivent s’assurer que les pays les plus pauvres sont prioritaires dans cet engagement financier. Nous sommes soucieux de voir que le G7 n’ait pas fait mention du principe internationalement reconnu que ces financements doivent être additionnels à l’aide publique au développement.
La lutte contre la faim et la malnutrition
Si le G7 tient sa promesse de sortir 500 millions de personnes de la faim et de la malnutrition d’ici à 2030, il aura considérablement contribué à l’éradication de la faim dans le monde. Cet impératif deviendra probablement un des nouveaux Objectifs de développement durable (qui seront adoptés en septembre à New York), et l’impulsion précoce qui lui a été donnée par le sommet de Schloss Elmau est encourageante. Bien que le chiffre ambitieux avancé par le G7 aujourd’hui doive servir d’exemple à d’autres, le G7 a encore beaucoup de travail : selon l’expérience de ONE, les grandes annonces du G7 n’ont de valeur que lorsqu’elles sont suivies d’un cadre de redevabilité précis et de financements adéquats. Pour répondre à cette question épineuse, nous appelons tous les partenaires du développement, du G7, mais aussi au-delà de ce groupe, à se mettre d’accord avant la fin de l’année sur leurs contributions à la lutte contre la faim et la malnutrition.
Les femmes et les filles
Pour la première fois, le G7 s’est mis d’accord sur une initiative pour soutenir les femmes et les filles au sein des pays du G7 et des pays en développement. C’est un pas important qui aurait dû être fait depuis longtemps. Deux tiers des personnes analphabètes dans le monde sont des femmes, et leur niveau d’analphabétisme n’a pas changé depuis 1990. Nous devons maintenant nous assurer que l’initiative s’accompagne d’un réel changement pour les femmes et les filles et que l’amélioration de leur situation ne soit plus jamais exclue de l’agenda politique. Nous ne pourrons pas éradiquer l’extrême pauvreté si nous oublions la moitié de la population de la planète. Le G7 doit donc saisir une dernière opportunité en ce sens cette année : la conférence que la Chancelière Merkel organisera en septembre. L’objectif du communiqué du G7 d’augmenter la part de femmes recevant une formation professionnelle d’un tiers est précis, mais des engagements plus ambitieux pourront encore être pris à l’avenir.
Santé
La chancelière Angela Merkel a promis de faire de la santé et des leçons tirées de l’épidémie d’Ebola une des grandes priorités de sa présidence du G7. Le G7 s’engage à aider au moins 60 pays sur cinq ans à prévenir de futures crises sanitaires et mentionne également la Global Finance Facility, mais le niveau d’ambition n’est pas précisé, ni les contributions financières. Ces initiatives lancées par le G7 et d’autres partenaires placent le monde en meilleure position pour combattre le déclenchement d’une épidémie comme Ebola. Cependant, le G7 semble n’avoir retenu qu’une partie des leçons tirées de cette épidémie. En plus des capacités de réaction, l’impératif du renforcement des systèmes de santé locaux doit aussi être mis en avant. Le communiqué le mentionne, mais sans s’attaquer vraiment à ce défi. Il faut d’une part s’attaquer aux urgences quotidiennes et tragiques dans les pays les moins avancés et d’autre part assurer le bon fonctionnement d’un système d’alerte rapide et d’intervention de base en cas de déclenchement d’épidémie.
L’augmentation du nombre de personnel de santé est totalement absente du communiqué, alors que, par exemple, le Liberia n’a que 3 personnels de santé qualifiés pour 10 000 habitants, bien en dessous du minimum recommandé de 23 par l’OMS (à titre de comparaison, la France en comte 127, le Royaume-Uni 123 et l’Allemagne 151). Le G7 ne peut pas en rester là sur les questions de santé. La reconstitution du Fonds mondial prévue en 2016, et mentionné dans le texte, sera un test important pour le G7.
Transparence fiscale
Cela fait deux ans que le G7 s’est engagé à faire bénéficier les pays en développement des progrès accomplis contre l’évasion fiscale. Cependant, aucun résultat concret n’a pour l’instant été atteint. Aucun des pays les moins avancés ne fait partie du nouveau système d’échange automatique d’informations fiscales et aucun pays du G7 n’a accepté de leur donner accès aux données cruciales pour poursuivre les fraudeurs. Le G7 n’a pas non plus demandé la publication des informations sur les propriétaires réels des sociétés et des trusts. Ceci est d’autant plus décevant que le sommet a eu lieu alors que le scandale de la FIFA montrait encore une fois à quel point les sociétés écrans sont utilisées pour blanchir de l’argent. Les pays les plus pauvres perdent des milliards de dollars en flux financiers illicites qui pourraient être utilisés pour combattre la pauvreté.
L’initiative UA/G7 sur les énergies renouvelables
ONE applaudit l’annonce de l’engagement conjoint de l’Union africaine et du G7 de mettre à disposition de l’Afrique 10 GW d’énergies renouvelables.
Le manque d’accès à l’électricité est un problème qui nuit à plus de 630 millions de personnes en Afrique subsaharienne, et qui amoindrit les progrès accomplis sur tous les fronts du développement. La production de nouvelles énergies renouvelables permettra de créer de l’électricité qui peut améliorer la qualité des soins, l’éducation et les opportunités économiques nécessaires à l’éradication de l’extrême pauvreté.