Avant la pandémie du COVID-19, nous vivions déjà une crise silencieuse : une crise mondiale de l’éducation. Dans les pays les plus pauvres, 90% des enfants de 10 ans ne savent ni lire ni comprendre une phrase simple à l’écrit. Pourtant, à l’échelle mondiale, jamais autant d’enfants n’avaient été à l’école – à tous les niveaux d’enseignement, et scolarisés aussi longtemps. Cette contradiction montre bien le chemin qu’il reste à parcourir pour les pays les plus pauvres avant qu’ils n’atteignent un accès adéquat et équitable à l’éducation.
La crise sanitaire sape les progrès accomplis depuis des années dans l’accès à l’éducation. Au plus fort de la crise, 90% des élèves inscrits, soit 1,6 milliard d’enfants dans le monde, ont été contraints d’arrêter d’aller en classe. Les mesures de confinement, combinées aux conséquences économiques de la pandémie, risquent de creuser les inégalités scolaires. L’accès à Internet, l’instruction des parents pour aider à faire l’école à la maison, le manque d’installations sanitaires dans les écoles, la chute des revenus des ménages sont autant de facteurs d’inégalités qui discriminent les populations les plus vulnérables. Et pendant ce temps, le financement de l’éducation dans les pays pauvres est en chute libre – à la fois leurs propres ressources domestiques que l’aide au développement reçue de la part des pays riches.
Il faut à tout prix éviter que la crise du COVID-19 n’accélère la crise mondiale de l’éducation, comme l’avait notamment fait l’épidémie Ebola. En 2014-2016 en Afrique de l’Ouest, Ebola avait entraîné la perte de pas moins de 1 848 heures de temps d’apprentissage. En Sierra Leone, dans les zones les plus touchées par Ebola, les filles avaient été disproportionnellement affectées : dans certaines communautés, les grossesses chez les adolescentes avaient augmenté de 65% du fait de leur déscolarisation. Or, il est déjà estimé qu’après le COVID-19, les filles seront moins susceptibles de retourner à l’école.
Les déscolarisations, même temporaires, peuvent avoir des conséquences dramatiques sur les perspectives d’emploi des populations les plus vulnérables : un phénomène qui peut se répercuter sur plusieurs générations.
Investir dans l’éducation, c’est éviter tout ce potentiel humain inexploité, mais aussi construire la résilience des générations futures.
C’est pourquoi ONE recommande aux gouvernements :
- Développer un plan d’investissement unifié pour l’éducation et mener un plaidoyer commun pour combler le déficit de financement de l’éducation à la suite de la crise du COVID-19, et en particulier de ses conséquences sur l’apprentissage
- Protéger le financement de l’éducation : au moins 15% des fonds d’aide publique au développement et 18% des budgets publics nationaux devraient soutenir l’éducation
- Élaborer un plan de retour à l’école et de remise à niveau pour les élèves
- Élargir et améliorer les programmes de protection sociale pour protéger les plus vulnérables
- Lancer un plan de relance d’urgence par la création de 500 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux du FMI, par la mise en place d’un moratoire immédiat sur la dette et par la réduction des frais des transferts de fonds des migrants vers leur pays d’origine jusqu’à près de 0%
Pour en savoir plus, découvrez notre rapport sur les enjeux de l’éducation à l’ère du COVID-19 et signez notre pétition pour appeler les dirigeants mondiaux à apporter une réponse mondiale à la pandémie.