Des voitures volantes aux maisons connectées, des utopies aux univers intergalactiques, le futur peut être imaginé de mille façons différentes. La science-fiction et le fantastique sont depuis longtemps des genres privilégiés par les auteurs pour imaginer différents scénarios et tenter de répondre à cette question : quels seront nos modes de vie dans un futur plus ou moins proche ? Mais quand on imagine le futur, au-delà des objets, il faut aussi et surtout se concentrer sur les individus et les civilisations. L’afro-futurisme mélange justement la science-fiction et le genre fantastique avec les mythologies africaines.
Le terme d’afro-futurisme a été inventé par l’auteur américain Mark Dery en 1993, dans son essai “Black to the Future”, mais ce style est apparu bien avant. Les oeuvres artistiques issues de ce genre ne servent pas seulement à concevoir le monde au travers d’une fiction fantastique, mais remettent en question le monde tel qu’il est aujourd’hui.
Fikayo Adeola, le fondateur d’un forum afro-futuriste en ligne, affirme que ce style symbolise l’espoir, à la fois dans le passé et dans le présent. “L’afro-futurisme était un outil qu’ils [les Afro-américains] pouvaient utiliser pour imaginer un futur meilleur”, a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision américaine CNN, “et ce mouvement s’est poursuivi dans l’époque contemporaine.”
Aujourd’hui, la culture populaire voit arriver sur le devant de la scène les histoires afro-futuristes, et on se rend compte du pouvoir qu’elles ont. Le monde high-tech et utopique de Wakanda dans Black Panther a servi d’introduction au genre afro-futuriste pour beaucoup de gens. Bien que le film se passe dans le présent, il fait des suppositions sur ce qu’un pays africain pourrait être, en mélangeant éléments futuristes et critique sociale.
“T’Challa représente… un Africain qui n’a pas été affecté par la colonisation”, disait le réalisateur du film – Ryan Coogler – dans une interview pour le Washington Post. “Donc ce que nous voulions, c’était bousculer la représentation que l’on a de la diaspora… des Africains qui ont non seulement subi la colonisation, mais aussi la pire forme de colonisation qui soit : l’esclavage.” Le réalisateur a donc cherché à créer un contraste entre l’histoire fictive de T’Challa et celle des Africains-Américains issus de la diaspora : “c’était ce choc entre les deux qui nous intéressait.”
Ce choc décrit par Coogler n’est pas la seule question que pose le film. Black Panther interroge son public : que se passerait-il si tous les habitants d’un pays avaient un accès égal à la technologie ? Si les femmes étaient vraiment les égales des hommes dans la société ? Et quel rôle une nation puissante a-t-elle à jouer quand il s’agit d’aider les autres ? Quand les auteurs s’aventurent à poser ce genre de questions, ils nous fournissent aussi des solutions qui peuvent être appliquées à la façon dont nous vivons aujourd’hui.
L’afrofuturisme n’est pas seulement une autre façon de raconter une histoire. Il pousse les gens à imaginer un monde meilleur que celui qui existe actuellement. Si les histoires que nous racontons présentent un monde juste et équitable pour tous – le monde de demain – alors nous serons sûrement tous plus inspirés pour faire de ce monde une réalité.
Ce blog a été écrit par Sadof Alexander et adapté de l’anglais par Chloé Lusven, stagiaire campagnes chez ONE France