La crise engendrée par la pandémie de COVID-19 – à la fois sanitaire, économique et sociale – a été un coup dur pour de nombreux pays, encore plus pour les pays à faible revenu. Alors que l’extrême pauvreté reculait dans le monde depuis plusieurs décennies, elle a augmenté pour la première fois depuis les années 1990.
Sur les 17 Objectifs de développement durable (ODD), feuille de route fixée par les Nations Unies jusqu’à 2030 pour un avenir durable, le premier s’intitule “Pas de pauvreté”. Déjà avant la pandémie, plus de 700 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1,90 dollar par jour. Selon un rapport de la Banque mondiale, entre 88 et 115 millions de personnes auraient basculé dans l’extrême pauvreté en raison de la pandémie rien qu’en 2020, réduisant à néant des décennies de progrès. Quant au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il alerte sur le fait que, d’ici 2030, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté pourrait atteindre un milliard – s’éloignant encore plus de l’objectif zéro pauvreté.
Un effet boule de neige
Ce n’est pas pour rien si l’ODD “Pas de pauvreté” est le premier des objectifs, car il est étroitement lié aux autres. L’extrême pauvreté a des conséquences sur l’accès à la nourriture (ODD 2), aux soins de santé (ODD 3), à une éducation de qualité (ODD 4), à un emploi stable (ODD 8) et bien d’autres aspects encore. Avec moins d’1,90 dollar par jour, la priorité est de subvenir à ses besoins vitaux au jour le jour.
Nous le dénonçons depuis plusieurs années : la pauvreté est sexiste, elle touche majoritairement les femmes, qui pâtiront aussi le plus des conséquences de la pandémie. Que ce soit en matière de travail, d’éducation, de santé ou de tâches domestiques, la crise affecte les femmes de manière disproportionnée par rapport à leurs homologues masculins. L’écart femmes-hommes risque de se creuser, mettant en péril la réalisation de l’ODD 5 (“Égalité entre les sexes”).
L’aide publique au développement, un outil crucial
Pour atteindre l’objectif d’un monde sans pauvreté d’ici 2030, la solidarité internationale s’avère plus nécessaire que jamais. La crise du COVID-19 a mis en lumière nos interdépendances et a davantage creusé les inégalités mondiales. Pour y répondre, les pays développés ont à leur disposition un outil financier pour contribuer à l’élimination de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie des populations : l’aide publique au développement (APD). Grâce à des transferts de ressources – soit par prêts, soit par dons – les pays à revenu élevé ont le pouvoir d’agir en faveur de la solidarité internationale.
En 1970, les nations les plus riches s’étaient engagées auprès des Nations Unies à reverser 0,7% de leur richesse nationale à l’APD. Cinquante ans plus tard, seuls quatre pays ont tenu leur promesse : la Suède, le Luxembourg, la Norvège et le Danemark. Le Royaume-Uni, qui avait pourtant atteint cet objectif, a annoncé fin 2020 la réduction de son APD à 0,5% en raison de la crise économique provoquée par le COVID-19, alors même que les besoins en APD n’ont jamais été aussi importants. Quant à l’APD française, actuellement de 0,44%, elle devrait atteindre 0,55% d’ici 2022 selon la promesse du Président Emmanuel Macron.
Un manuel et un manifeste pour une solidarité internationale assumée
L’APD est encore un sujet méconnu malgré son caractère essentiel et son rôle central dans la solidarité internationale. Surtout sa formalisation parfois technique ne permet pas toujours de trier entre réalisations véritables et simples intentions affichées. Depuis des années déjà, ONE s’efforce en la matière de lire entre les lignes.
Dans un livre publié aux éditions Flammarion, intitulé Objectif 2030 : Un monde sans extrême pauvreté – Pour une solidarité internationale assumée, notre Directrice Najat Vallaud-Belkacem répond aux procès en inutilité, en gaspillage, en détournement, en assistanat ou encore en néo-colonialisme faits à l’APD. Cet ouvrage vise à montrer que, si nous maintenons nos efforts et si le monde entier fait preuve d’unité et de solidarité, nous pourrions vivre dans dix ans dans un monde où l’extrême pauvreté n’existe plus.