La Journée internationale de la fille, qui a lieu le 11 octobre, est une journée des Nations unies qui vise à sensibiliser sur « les droits des filles et les obstacles particuliers auxquels elles se heurtent de par le monde ». L’autonomisation des jeunes filles dès leur plus jeune âge peut leur donner le « potentiel de changer le monde – travailleuses de demain, mères, entrepreneures, mentors, cheffes de famille et dirigeantes politiques ».
Toutefois, comme nous l’avons constaté lors de précédentes crises sanitaires, les conséquences économiques et sociales du COVID-19 sur les jeunes filles et les femmes pourraient avoir des effets désastreux, et ce, sur le long terme. Il y a quelques mois, nous avons publié une série de billets de blog qui vise à analyser les différents impacts du COVID-19 sur les femmes. Nous avons, par exemple, examiné les répercussions de la pandémie sur l’éducation des filles, sur le travail des femmes ou sur leur accès aux soins maternels et reproductifs. Aujourd’hui, nous nous penchons plus particulièrement sur l’impact du COVID-19 sur les filles et les jeunes femmes. Voici cinq façons dont la pandémie affecte les jeunes filles dans le monde entier.
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Le COVID-19 est une menace pour l’éducation des filles
Avant même le COVID-19, 90% des enfants des pays à faible revenu ne savaient pas lire et comprendre une histoire simple à l’âge de 10 ans. Puis, en avril 2020, la fermeture des écoles en raison de à la pandémie a affecté 91% des élèves inscrits (garçons et filles) dans le monde entier. Pour les filles, cependant, la fermeture des écoles pourrait avoir des effets bien plus graves à cause de facteurs divers, tels que l’inaccessibilité aux outils d’apprentissage à distance, la dépriorisation de l’éducation et les grossesses chez les adolescentes.
Lors des deux dernières décennies, le nombre de filles non scolarisées a chuté de 79 millions dans le monde. Le COVID-19 menace aujourd’hui ces progrès : 20 millions de filles dans les pays en développement pourraient ne jamais retourner à l’école une fois la pandémie terminée et beaucoup d’autres auront perdu des mois d’apprentissage.
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Le poids du travail non rémunéré des filles
Avant même le COVID-19, les femmes et les filles effectuaient plus de travail non rémunéré que les hommes et les garçons. Cela inclut aussi bien la garde d’enfants et les soins familiaux que les tâches domestiques, comme le nettoyage et la cuisine. Bien que cela varie d’un pays à l’autre, les femmes et les filles dédient en moyenne trois fois plus de temps au travail domestique que leurs homologues masculins.
Désormais, alors que les jeunes femmes et filles « s’occupent des membres âgés et malades de leur famille, ainsi que de leurs frères et sœurs qui ne sont pas scolarisés », la part de travail non rémunéré des filles a augmenté et continuera sur cette trajectoire.
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Un risque accru de violence sexuelle et sexiste
La pandémie expose les jeunes femmes et filles à un risque accru de violence sexuelle et sexiste, de travail des enfants et d’exploitation en raison de l’importante pression économique subie par les familles et des mesures de confinement. Les effets de l’obligation de rester chez soi et des restrictions de mouvement contribuent largement à ce risque accru.
De fait, si le confinement provoque une augmentation de 20% de la violence, un confinement d’un an pourrait entraîner 61 millions de cas de violence conjugale.
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Le COVID-19 pourrait faire augmenter le nombre de mariages d’enfants et de cas de mutilations génitales féminines
La pandémie a gravement affecté les programmes de prévention et les mesures qui protègent les filles contre les mutilations génitales féminines (MGF). En conséquence, le COVID-19 pourrait entraîner 2 millions de cas de MGF évitables au cours des 10 prochaines années.
Bien plus, la pandémie pourrait provoquer une flambée des mariages d’enfants puisqu’elle a « perturbé les efforts visant à mettre fin à cette pratique ». Le COVID-19 pourrait provoquer 13 millions de mariages d’enfants supplémentaires au cours de la décennie.
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Le COVID-19 réduit l’accès aux soins contraceptifs
Enfin, la pandémie et les perturbations qu’elle entraîne vont avoir de graves répercussions sur l’accès des jeunes femmes et filles aux soins contraceptifs. Dans le monde, 450 millions de femmes dans les pays à revenus moyen et faible utilisent des contraceptifs.
Avant la pandémie, déjà 10 millions de grossesses non planifiées par an touchaient les filles de 15 à 19 ans dans les pays en développement. Désormais, en raison du COVID-19, la réallocation des ressources consacrées normalement aux soins contraceptifs et génésiques, et les perturbations des soins de santé pourraient entraîner, au bout d’un an de confinement, 15 millions de grossesses non planifiées supplémentaires ainsi que 49 millions de femmes « ayant un besoin non satisfait en matière de contraceptifs modernes ». Si cette situation se prolonge, ces chiffres seront bien plus élevés.
Pourquoi faut-il sensibiliser à ce sujet ?
Rapporter les faits ne suffit pas : il faut également sensibiliser et attirer l’attention sur les raisons pour lesquelles l’autonomisation des filles dans le monde est la clé pour changer les choses. En agissant aujourd’hui, nous créons des changements pour l’avenir. Investir dans l’autonomisation des jeunes filles du monde entier et leur donner les moyens d’agir est un élément essentiel pour y parvenir.