Cette semaine dans Ondes de Choc : de fausses accusations concernant l’hésitation vaccinale des pays pauvres, des perspectives économiques peu réjouissantes pour la nouvelle année, la ruée vers le cuivre en Zambie et plus encore.
ACTUALITES
A qui la faute ? : C’est bien les difficultés d’accès aux vaccins contre le COVID-19 qui ont été la principale cause du faible taux de vaccination, et non l’hésitation vaccinale. Selon le FMI, ce manque d’accès est responsable de 70 à 80% des inégalités en matière de vaccination dans le monde. L’hésitation vaccinale, souvent invoquée en Occident pour justifier les faibles taux de vaccination dans les pays les plus pauvres, n’était responsable que de 13 % de ces inégalités entre le deuxième trimestre de 2021 et le premier trimestre de 2022. Les pays les plus pauvres continuent de payer les pots cassés : seuls 22 % des habitants des pays à revenu faible sont entièrement vaccinés contre le COVID, soit plus de 3X moins que le taux de vaccination des pays à revenu élevé.
Dix de perdues… : Les pays africains pourraient être confrontés à une décennie perdue en raison d’une croissance économique stagnante, d’une récession mondiale, d’une dette croissante et d’une inflation galopante. La Banque mondiale prévoit un ralentissement de la croissance et une possible récession en 2023. L’endettement des pays émergents et en développement a atteint un niveau record depuis 50 ans et, en 2024, leur PIB devrait être inférieur de 6% aux niveaux prévus avant la pandémie. Parmi les nouvelles plus positives, la Banque mondiale propose des réformes pour mieux répondre aux besoins de financement des pays vulnérables bien qu’elle continue à être trop prudente et trop peu ambitieuse. Notre analyse dissèque ces réformes, notamment celle d’optimiser son bilan financier pour pouvoir prêter plus d’argent.
Du jamais vu : Le Malawi est en proie à la pire épidémie de choléra depuis dix ans, avec 21 000 cas et 704 décès enregistrés au 4 janvier 2023. L’épidémie actuelle, qui a débuté en mars dernier, s’est poursuivie pendant les mois d’été, contrairement à la tendance historique. Certains experts attribuent ce phénomène aux dégâts causés par la tempête tropicale Ana en janvier 2022 sur les infrastructures d’eau et d’assainissement du pays. De nouvelles recherches révèlent que les conditions météorologiques extrêmes sont liées à l’augmentation des maladies diarrhéiques mortelles chez les enfants, ce qui souligne l’importance de renforcer les systèmes de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire pour accroître leur résilience face au changement climatique. Une bonne nouvelle : l’Ouganda a déclaré la fin de son épidémie d’Ebola quatre mois seulement après le premier cas, ce qui témoigne de la rapidité de sa réponse et de ses mesures de contrôle.
Ruée vers le cuivre : La Zambie prévoit d’augmenter considérablement sa production de cuivre afin de profiter de l’augmentation de la demande mondiale pour l’un des minéraux les plus essentiels à la transition énergétique. Le pays devrait recevoir 150 millions de dollars d’une entreprise américaine soutenue par Bill Gates, Richard Branson et Jeff Bezos. Cette initiative intervient quelques mois après la signature d’un protocole d’accord avec la République démocratique du Congo et les États-Unis visant à établir des usines de fabrication de batteries pour véhicules électriques dans les deux pays africains. Comme l’a montré l’expérience passée de la Zambie avec le cuivre, les booms des matières premières peuvent être éphémères et ne conduisent pas toujours à des résultats en matière de développement. Le pays pourrait prendre exemple sur le Zimbabwe voisin, qui a récemment interdit les exportations de lithium brut afin d’encourager la fabrication locale et la création d’emplois. Passer de l’extraction des ressources à la fabrication de composants de technologies vertes est un changement important et signale le potentiel de l’Afrique à faire partie de la solution au changement climatique. Pour en savoir plus, consultez notre base de données sur le changement climatique et l’Afrique.
Des richesses dangereuses : La république autoproclamée du Somaliland a annoncé la découverte de pétrole. Cette découverte, qui pourrait être une aubaine pour l’un des pays les plus pauvres du monde, risque aussi d’aggraver certains des problèmes du pays plutôt que de les résoudre. Le gouvernement somalien, reconnu par la communauté internationale, a mis en garde la société britannique Genel Energy contre toute exploration pétrolière dans la région sans son autorisation, car cela porterait atteinte à sa souveraineté. Cette découverte intervient dans le contexte d’un débat sur la question de savoir si les pays africains doivent continuer à rechercher des combustibles fossiles compte tenu du changement climatique. Entre-temps, les fournisseurs d’encens très prisés du Somaliland sont accusés de tirer profit des violences sexistes et sexuelles subies par les femmes.
Le retour du grenier à blé de l’Afrique ? Le Zimbabwe fête une récolte de blé record qui, si elle se poursuit, pourrait signifier la fin de la nécessité d’importer du blé. Cette évolution est une lueur d’espoir pour un continent qui cherche à améliorer sa souveraineté alimentaire face à l’insécurité alimentaire croissante et au coût élevé des importations. Malheureusement, l’autorité de commercialisation des céréales du pays a du mal à payer les agriculteurs pour leurs livraisons de blé, ce qui empêche beaucoup d’entre eux de régler leurs dettes et de se préparer à la nouvelle saison de culture. 🤦🏽 La souveraineté alimentaire est une priorité pour les dirigeants africains : à la fin du mois, le Sénégal organise un sommet agricole dont le thème est « Nourrir l’Afrique : Souveraineté alimentaire et résilience ».
Perturbation des élections : L’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a soutenu Peter Obi, un candidat surprise aux élections présidentielles nigérianes. Le soutien affiché d’Olusegun Obasanjo est un rebondissement : sa décision de court-circuiter Bola Tinubu, le riche faiseur de roi issu de son propre groupe ethnique, attire l’attention dans un pays où l’argent et les loyautés ethnico-religieuses sont souvent des facteurs décisifs dans la répartition du pouvoir. Toutefois, les élections du 25 février pourraient être reportées ou annulées en raison des violences dans le nord du pays, que les multiples administrations de ces dix dernières années n’ont pas réussi à maîtriser. Les reproches ne manquent pas : l’incapacité et le manque de volonté politique des dirigeants – y compris de l’ancien président Obasanjo – de remédier à la faiblesse des institutions, à la mauvaise gouvernance et à la forte corruption du Nigeria qui ont permis l’émergence du groupe terroriste Boko Haram.
L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION :
- Vous avez sûrement découvert il y a quelques semaines votre récap Spotify, mais qu’en est-il de votre rétrospective avec ONE ? Découvrez les plus gros succès de nos activistes en 2022 !
- Lisez notre fil Twitter sur les Banques multilatérales de développement et pourquoi les fonds détenus par ces banques peuvent répondre à la crise climatique, au Covid-19 et à l’inflation.
- Et si écouter davantage de voix inspirantes était l’une de vos résolutions pour la nouvelle année ? Découvrez ou redécouvrez notre podcast ONE World, où notre directrice France, Najat Vallaud-Belkacem, s’entretient avec des personnalités engagées !
LES CHIFFRES :
- 70 : Les auteurs venant de 70 pays à revenu faible ou intermédiaire pourront publier gratuitement dans la prestigieuse revue Nature et ses revues annexes.
- 250 000 : C’est le nombre de passagers quotidiens pouvant être transportés dans la première phase du nouveau système de métro aérien de Lagos.
- 1 sur 3 : La part des économies d’Afrique subsaharienne pour lesquelles la Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2023, par rapport à juin 2022.