Cette semaine dans Ondes de Choc : Un espoir de paix en Éthiopie, les pays à revenu élevé ne font que parler et n’agissent guère en matière de financements climatiques, et les cas de tuberculose augmentent.
ACTUALITES
Progrès vers la paix : L’Éthiopie et les rebelles du Tigray ont convenu d’une « cessation des hostilités ». Cette annonce a été faite lors de pourparlers de paix officiels entre le gouvernement éthiopien et les chefs rebelles du Tigray en Afrique du Sud. On peut se réjouir de cette nouvelle, alors que le Premier ministre Abiy Ahmed s’était auparavant plaint d’une « forte influence étrangère ». La paix n’arrivera cependant jamais assez vite : dans le nord de l’Ethiopie la violence fait rage, y compris contre les populations civiles, et l’ONU prévient que des atrocités pourraient être imminentes.
Des messages contradictoires : Si les pays à revenu élevé et les institutions de financement du développement veulent vraiment que les pays à revenu faible accélèrent leur transition énergétique, il faut que leur soutien financier soit à la hauteur de leurs discours. Sur les 785 milliards de dollars investis dans les énergies renouvelables l’année dernière, seuls 8 % sont allés aux économies émergentes, et les investissements publics étrangers ont atteint leur niveau le plus bas depuis 10 ans. Des initiatives telles que le Partenariat pour une transition énergétique juste entre l’Afrique du Sud et des bailleurs de fonds internationaux sont un exemple positif de l’engagement des pays riches. Toutefois, étant donné que ce programme n’est pas financé par des subventions, il est peu probable qu’il puisse servir de modèle aux pays endettés. Dans l’ensemble, les financements climat pour les pays en développement restent en deçà des objectifs promis et des besoins d’adaptation au changement climatique.
Volte-face : Le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak est revenu sur sa décision de snober les autres chefs d’État lors de la COP27. En tant que coprésident de la conférence, Sunak a subi de fortes pressions sur sa présence et a été critiqué pour sa décision initiale de ne pas participer à la conférence en raison de préoccupations économiques nationales. Selon certaines sources, le gouvernement britannique aurait également demandé au roi Charles de ne pas y participer, alors que le monarque s’engage depuis longtemps en faveur de l’environnement. La décision de Sunak de ne pas participer à la conférence est également probablement due aux nombreuses critiques à l’encontre du Royaume-Uni qui n’a pas tenu sa promesse de verser 300 millions de dollars aux pays en développement pour financer la lutte contre le changement climatique.
Orienté vers les solutions : Au Sénégal, les ostréiculteurs utilisent les mangroves pour faire face à l’élévation du niveau de la mer. De 1950 au début des années 2000, le littoral sénégalais a reculé en moyenne de 2,5 mètres par an. Au cours de la même période, près d’un tiers de la forêt de mangrove a disparu. Toutefois, le reboisement permet de stopper l’érosion et de créer un habitat pour les huîtres et autres poissons qui, à leur tour, fournissent des moyens de subsistance aux pêcheurs. L’érosion de cette côte atlantique, longue d’environ 530 kilomètres et où vivent près de la moitié des 17 millions d’habitants du Sénégal, n’est cependant pas terminée.
Jeux de la faim : La Russie a réintégré l’accord négocié par l’ONU pour l’exportation de céréales ukrainiennes via la mer Noire, après avoir suspendu sa participation ce week-end. Alors que la Russie tergiversait, les prix du blé ont grimpé en flèche, rappelant ainsi ce qui pourrait arriver lorsque l’accord expirera le 19 novembre. Le Kremlin a justifié son retrait temporaire par des allégations non fondées selon lesquelles l’Ukraine aurait lancé une attaque à l’intérieur du corridor protégé. Les puissances alliées de l’Ukraine ont accusé le Kremlin de jouer aux « jeux de la faim » face à d’importantes défaites militaires, et d’utiliser la nourriture comme une arme. Depuis l’invasion de la Russie, 60,5 millions de personnes supplémentaires souffrent de la faim. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre endroit préféré : le site data.one.org.
Les nombreux prétendants de l’Afrique : La Chine s’est jointe aux demandes d’un siège au G20 pour l’Union africaine et a doublé son aide alimentaire et militaire aux pays partenaires africains. Poutine a prononcé un discours enflammé dans lequel il a lié son action à la lutte de l’Afrique contre le colonialisme, vanté le potentiel du continent et blâmé les gouvernements occidentaux pour les difficultés financières de ce dernier. Pendant ce temps, la Fondation Afrique-Europe a prévenu qu’une relation abîmée entre les deux continents pourrait compromettre les progrès significatifs attendus à la COP27. Les inégalités d’accès aux traitements face à la pandémie de COVID-19 et l’échec de l’Europe en matière de financements climatiques y sont pour quelque chose. Mo Ibrahim, un entrepreneur milliardaire britannico-soudanais a mis en garde contre le fait de « considérer l’Afrique comme acquise. L’Afrique a de nombreux prétendants ».
Crimes contre l’humanité : Trois pays africains – l’Eswatini, le Liberia et la Somalie – ont signé une déclaration à l’ONU condamnant les violations des droits humains commises par la Chine au Xinjiang. La déclaration, menée par le Canada, demandait à la Chine de reconnaître les conclusions d’un rapport de l’ONU qualifiant les actions de la Chine dans la région de « crimes contre l’humanité ». Lorsque les pays occidentaux publient de telles déclarations, la Chine a tendance à mobiliser sa coalition de pays du Sud pour une réplique. Certaines sources soupçonnent la Somalie (qui entretient de solides relations avec la Chine) de courtiser l’Occident afin d’inciter le pays à faire des concessions à l’avenir.
Pathétiquement faible : Le COVID-19 et le financement « pathétiquement faible » de la lutte contre la tuberculose ont contribué à la première augmentation des infections tuberculeuses depuis près de 20 ans. En 2021, près de 10,6 millions de personnes ont été infectées dans le monde, soit une augmentation de 4,5 % par rapport à l’année précédente. Les pays africains représentent un quart des cas et environ un tiers des décès. Les blocages dus à la pandémie de COVID-19 ont entravé l’accès aux tests et aux traitements, et détourné des financements essentiels – qui sont tombés à 5,4 milliards de dollars en 2021, soit moins de la moitié de l’objectif annuel fixé par l’Organisation mondiale de la santé. Pendant ce temps, le gouvernement britannique a complètement manqué la date limite pour contribuer à la nouvelle reconstitution des ressources du Fonds mondial, la principale source de financement international pour la lutte contre la tuberculose.
Une pilule amère : Dans un discours, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a reconnu que les 3 milliards de dollars que le Ghana demande au FMI ne permettrait de stabiliser les finances publiques qu’à très court terme. Comme de nombreux autres pays à revenu faible ou intermédiaire, le Ghana n’est plus en mesure de payer ses dettes en raison des conséquences de la pandémie de COVID-19, de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des récentes hausses des taux d’intérêt aux États-Unis. Avec le prochain renflouement du FMI qui risque d’exacerber l’inflation pour les millions de Ghanéens déjà aux prises avec une crise du coût de la vie, la route vers la stabilité macroéconomique reste longue.
L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION :
- « Nous pensions que tu serais une fille sage » : Gayle Smith, directrice générale de ONE, s’entretient sur Politico avec l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas Greenfield, à propos de l’ordre mondial masculin.
- Gayle écrit également une chronique mensuelle pour Forbes sur les injustices du système international et les moyens d’y remédier.
- Le Royaume-Uni a manqué une autre occasion de montrer qu’il se soucie des autres. Romilly Greenhill, directrice de ONE au Royaume-Uni, souligne que le pays n’a pas respecté la date limite pour annoncer une contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui sauve des vies depuis 20 ans.
- L’UE devrait plaider pour que l’Union africaine obtienne un siège permanent au G20, écrit David McNair, directeur expertise de ONE, dans le journal allemand Der Tagesspiegel.
- Amy Dodd et Joe Kraus de ONE font état de la lenteur des progrès en matière de financements climat et de ce qui doit être fait lors de la COP27.
- Vous ne pouvez pas vous rendre à Sharm El Sheikh ? Inscrivez-vous à notre Think-In « Living in a heating world : lessons from the Global South » (Vivre dans un monde qui se réchauffe : leçons à tirer des pays du Sud), organisé par le New York Times et Tortoise Media en partenariat avec ONE.
LES CHIFFRES :
- 68 % : C’est la part du financement international américain pour les projets d’énergies fossiles qui a été allouée aux pays africains au cours des années qui ont suivi l’accord de Paris (Guardian).
- 9,5 millions de dollars : Le montant des tonnes de maïs, de blé, de produits à base de tournesol, d’orge, de colza et de soja qui ont été exportées hors d’Ukraine dans le cadre de l’accord sur les céréales de la mer Noire (Reuters).