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Un hiver de mécontentement mondial à l’horizon

Données

La guerre en Ukraine était sur toutes les lèvres à l’Assemblée Générale des Nations unies cette semaine. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dénoncé un « énorme dysfonctionnement mondial » qui mine la paix, la sécurité et la reprise économique. Le Président américain Joe Biden s’est joint aux appels en faveur d’un élargissement du Conseil de Sécurité des Nations unies pour mieux faire face aux crises mondiales. Et face à l’aggravation de l’insécurité alimentaire et économique dans les pays africains, le Président sénégalais Macky Sall a averti que le continent « ne veut pas être le terrain d’une nouvelle guerre froide ». Voici quelques-uns des principaux sujets à suivre :

ACTUALITES

Le temps presse : Nous sommes presque à mi-chemin de l’échéance fixée pour atteindre les Objectifs de développement durable d’ici 2030, mais la crise alimentaire mondiale montre à quel point le monde est loin du compte. 345 millions de personnes souffrent de faim aiguë, et 50 millions sont au bord de la famine. Les réfugiés de Somalie fuient vers le Kenya car les réserves alimentaires déjà réduites par la sécheresse sont aggravées par une autre crise : la guerre en Ukraine. Cette semaine, 238 ONG (dont ONE) ont publié une lettre ouverte, constatant l’inaction des dirigeants face à la crise de la faim (« Dans un monde d’abondance, laisser les gens mourir de faim est un choix politique ») et les exhortant à agir. Les contributions confirmées des donateurs au Programme Alimentaire Mondial ne représentent qu’un tiers de ce qui est nécessaire, et l’aide humanitaire destinée à éviter la famine en Somalie fait face à un manque de 424 millions de dollars. Mercredi, le Président Biden a annoncé un financement supplémentaire de 2,9 milliards de dollars pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale, dont la majeure partie sera fournie par des agences américaines.

Chaque milliard compte : Plus de 60 donateurs se sont engagés à verser 14,25 milliards de dollars lors de la 7e conférence de reconstitution du Fonds mondial qui s’est tenue cette semaine. Parmi les moments forts, citons une augmentation de 30 % du financement de la part de la majorité des pays du G7 (sauf pour l’Italie et le Royaume-Uni qui n’ont pas encore fait de promesses), près de 54 millions de dollars de la part des pays Africains, et au moins 315 millions de dollars de la part du secteur privé, plus 912 millions de dollars de la Fondation Bill et Melinda Gates. La France quant à elle a annoncé une augmentation de sa contribution de 23%. Toutefois, il reste un déficit de financement de 3,75 milliards de dollars par rapport aux besoins, ce qui pourrait avoir des conséquences majeures. Notre analyse montre qu’un manque d’un milliard de dollars pourrait se traduire par 25 millions de nouvelles infections ou de nouveaux cas pour les trois maladies. Et chaque milliard manquant à l’objectif des 18 milliards de dollars pourrait entraîner une diminution de 1,6 million du nombre de personnes ayant accès à un traitement contre le VIH. En Tanzanie, un nouveau médicament permettra de traiter la tuberculose chronique pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois, ce qui montre l’importance de la recherche et des investissements continus.

Se préparer au pire : Le Fonds mondial, la seule agence multilatérale créée spécifiquement pour lutter contre les pandémies, vise également à combler les déficits de préparation que le virus du COVID-19 a mis en évidence. Un nouveau rapport de la Commission Lancet a dressé un réquisitoire sans appel face à l’échec de la réponse mondiale à la pandémie, condamnant le manque de coordination, la monopolisation des vaccins et l’incapacité des gouvernements à lutter contre la désinformation en matière de santé publique. Mais il semble que certaines leçons n’aient pas encore été tirées : les taux de vaccination contre le COVID-19 dans les pays à revenu faible sont toujours inférieurs à 20 %, alors même que la demande de l’OMS que 70 % de la population mondiale soit vaccinée arrive à échéance. Mais rassurez-vous, au moins les riches sont devenus plus riches pendant la pandémie !

Une nouvelle épidémie : L’Ouganda a officiellement déclaré une résurgence d’une souche rare d’Ebola, détectée pour la dernière fois il y a 10 ans. Il n’y a pas de vaccin autorisé pour s’en protéger, et lors des épidémies précédentes, les taux de mortalité allaient de 41 % à 100 %. Cette déclaration intervient après l’identification d’un cas chez un homme de 24 ans, qui a présenté les premiers symptômes le 11 septembre et est décédé cette semaine. Six autres personnes sont déjà suspectées d’en être décédées, et l’OMS enquête sur huit autres cas. Le Centre de contrôle et de prévention des maladies en Afrique a déployé des équipes pour aider les autorités sanitaires ougandaises.

Au bord de l’asphyxie : Le paiement des intérêts de la dette publique limitera les dépenses de santé des pays à revenu faible de 7 % en moyenne en 2027. Dans certains pays, ces dépenses pourraient être réduites de 30 %. Le président nigérian Muhammadu Buhari a appelé à alléger la dette qui asphyxie les pays à revenu faible. M. Guterres a exhorté les créanciers à envisager de « réduire le fardeau de la dette » et les principales banques centrales à étendre les facilités de liquidité et les lignes de devises. Dans le même temps, la pénurie chronique de dollars au Nigeria a atteint un niveau critique, car des « vols massifs » ont contribué à faire chuter la production pétrolière du pays à son niveau le plus bas depuis 32 ans, dans un contexte de forte demande de dollars.

Limiter les dégâts : Cette semaine, le Danemark est devenu le premier pays à s’engager à financer les « pertes et dommages » liés au climat. Les défenseurs du climat exhortent depuis longtemps les pays pollueurs à mettre en place un fonds destiné à indemniser les pays vulnérables aux pertes et dommages causés par le dérèglement climatique. Ce n’était pas une priorité lors de la COP26, mais les militants se sont engagés à faire pression en ce sens lors de la COP27, qui se tiendra en Égypte en novembre. Entre-temps, les pays vulnérables proposent la mise en place d’une taxe mondiale « liée au climat et fondée sur la justice ». M. Guterres affirme que « les pollueurs doivent payer » et a appelé à l’instauration d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels des entreprises exploitant des combustibles fossiles. Bloomberg Philanthropies a annoncé vouloir investir dans 15 pays supplémentaires à revenu faible – dont 11 en Afrique – afin de faciliter leur transition vers des énergies vertes. Plus tôt dans l’année, des investissements similaires avaient été annoncés dans 17 pays, dont 10 à revenu faible.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • L’insuffisance des promesses de dons au Fonds mondial a de graves conséquences sur la vie de millions de personnes. Découvrez comment dans la dernière analyse de ONE : « Le ruban rouge s’effiloche-t-il ? ».
  • Najat Vallaud-Belkacem, Directrice de ONE France appelle à taxer les ultra-riches pour financer la santé mondiale dans un entretien à Euractiv. A retrouver ici !
  • Cela fait un an que les dirigeants mondiaux se sont engagés à vacciner 70% de la population mondiale d’ici…em…maintenant. David McNair se penche sur ce qui a mal tourné.

LES CHIFFRES :

  • 30 % de plus : près de 20 pays ont augmenté leur contribution au Fonds mondial de 30 % ou plus, y compris des donateurs importants comme le Japon, l’Allemagne, l’Espagne et la Commission européenne. Coup de chapeau à la Corée du Sud qui a augmenté sa promesse de 300 %, et aux États-Unis qui ont promis 6 milliards de dollars. 🥳
  • 0 : le nombre de Droits de Tirage Spéciaux recyclés que les pays vulnérables ont reçu, malgré de nombreuses promesses. Cette semaine, le Président Emmanuel Macron a répété son engagement de recycler 30 % des DTS de la France vers les pays qui en ont besoin, notamment en Afrique. C’est une bonne nouvelle, mais une livraison rapide est cruciale.

A suivre

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