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Sida : comment est apparue l’une des plus importantes épidémies au monde ?

Actualité

Le sida est selon l’OMS l’une des plus importantes épidémies au monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : on estime à 84,2 millions [64 millions–113 millions] le nombre de personnes qui ont été infectées par le VIH depuis le début de l’épidémie et à 40,1 millions [33,6 millions–48,6 millions] le nombre de personnes qui sont décédées de suite de maladies liées au sida depuis le début de l’épidémie.*

Focus sur ce virus qui représente une menace pour la santé publique mondiale : d’où vient-il, depuis quand existe-t-il et comment le soigner ?

 Qu’est-ce que le sida ? 

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est l’agent pathogène qui provoque une infection chronique évoluant vers le sida, lorsqu’il n’y a pas de traitement antirétroviral (ARV).

Le VIH est un rétrovirus (un virus à ARN) de la famille des lentivirus qui provoquent des maladies à évolution lente. Un virus ARN est un virus qui n’a pas d’ADN mais un ARN, un acide ribonucléique. En effet, il entre dans le corps par les muqueuses et s’attaque au système immunitaire. La contamination peut se faire par voie sexuelle, par voie sanguine ou de la mère au fœtus.

Le VIH cible notamment les lymphocytes CD4, qui sont des cellules essentielles de notre système immunitaire. Il entraîne une infection chronique pouvant aboutir, en l’absence de traitement antirétroviral (ARV), à une immunodépression caractérisée baptisée « sida ».

Depuis quand le sida existe-t-il ?

Les premières identifications du virus remontent à 1983 et 1986. En effet, le VIH-1 a été identifié en 1983 et le VIH-2 en 1986, à l’Institut Pasteur.

Ils dérivent tous les deux de virus de l’immunodéficience simienne (SIV), des virus existant chez le singe. Le VIH-2 est considéré comme moins virulent que le VIH-1, et on le retrouve plus fréquemment en Afrique occidentale et en Asie du Sud.

Où est apparu le sida ?

Selon le travail de recherche de Nuno Faria et de ses collègues, publié en octobre 2014 dans la revue Science, le point de départ a été localisé en Afrique centrale, plus précisément dans l’ancien Congo belge, devenu Zaïre, et aujourd’hui République démocratique du Congo. Il ne fait pas de doute que le VIH était une forme ayant évolué à partir d’un virus du singe, passé à l’homme, et sorti de la forêt.

Toujours selon leur travail, la souche à l’origine de la pandémie vient de chimpanzés vivant dans le sud-est du Cameroun. Aux alentours de 1920, un homme contaminé, soit par la consommation de viande de brousse ou par une blessure lors d’une chasse, a voyagé jusqu’à Kinshasa, qui deviendra alors le berceau de l’épidémie. L’examen des archives coloniales par les équipes de Nuno Faria montre que c’est à cette époque que le développement des échanges commerciaux par voie fluviale entre ces deux régions s’intensifie. Les chemins de fer se développent également et les chercheurs remarquent que la propagation du virus suit le même parcours.

Comment le sida s’est-il propagé dans le monde ? 

Le développement des transports ferroviaires et maritimes, l’augmentation du commerce international, du tourisme, les transformations urbaines, le développement du commerce du sexe et de la consommation de drogues avec du matériel non stérilisé sont autant de raisons qui amènent le virus à se propager très rapidement aussi bien au niveau national qu’à l’international.

Selon les chercheurs de l’Université d’Oxford, un des facteurs analysés laisse penser que le développement des chemins de fer, en particulier au Congo belge, a joué un rôle primordial dans le développement de l’infection à ses débuts. En effet, Kinshasa devient grâce au train l’une des villes les mieux desservies de toute l’Afrique centrale, en faisant ainsi une plaque-tournante.

Ressource proposée pour illustrer ce paragraphe : https://www.unaids.org/fr/resources/infographics/people-living-with-hiv-around-the-world

Comment se transmet le sida ?

Le VIH peut se transmettre d’une personne contaminée à une autre de différentes manières :

Lors de rapports sexuels :

  • non protégés par un préservatif avec pénétration vaginale et/ou pénétration anale,
  • lors d’une fellation.

Par voie sanguine :

  • lors de partage du matériel d’injection en cas de consommation de drogues injectables, d’échanges de paille pour sniffer de la drogue,
  • en cas de piqûre accidentelle avec du matériel de soins contaminé pour les professionnels de la santé (Accident d’Exposition au Sang),
  • de la mère à l’enfant au cours de la grossesse ou de l’allaitement.

En cas de rapport sexuel avec une personne séropositive au VIH, la transmission du VIH n’est pas systématique. Elle peut néanmoins intervenir dès le premier rapport, ou au bout d’un grand nombre de rapports, ou ne pas avoir lieu du tout.

La probabilité de transmission est variable selon différents critères, en particulier en fonction de la quantité de virus chez la personne séropositive (charge virale).

La prise d’un traitement antirétroviral limite considérablement le risque de transmission du VIH. Ce risque est nul si la charge virale VIH est indétectable depuis plus de 6 mois. Une personne vivant avec le VIH ayant une charge virale indétectable grâce aux traitements antirétroviraux ne transmet pas le VIH lors des relations sexuelles.

Comment se soigne le sida ?

Le traitement antirétroviral (ARV) combiné empêche le VIH de se multiplier et peut faire disparaître le virus dans le sang. Il permet ainsi au système immunitaire du patient de récupérer, de vaincre les infections et d’éviter le développement du sida et d’autres effets à long terme de l’infection à VIH.

Lorsqu’ils sont combinés, ces médicaments sont beaucoup plus efficaces pour contrôler le virus et moins susceptibles de favoriser la résistance aux médicaments que lorsqu’ils sont administrés séparément.

Le traitement combiné comporte au moins trois médicaments antirétroviraux différents est aujourd’hui devenu la norme pour toutes les personnes nouvellement diagnostiquées séropositives au VIH. Plus le traitement est entamé tôt après l’infection à VIH, plus il est efficace.

Le Traitement Post-Exposition (TPE)

Le traitement post exposition est à prendre après une prise de risque. Ce traitement d’urgence est donné à une personne séronégative après une prise de risque élevée afin d’éviter la transmission du virus. Il s’agit d’un traitement qui doit être pris durant 4 semaines avec un suivi médical et des prises de sang répartis sur une période de 3 mois.

Aujourd’hui, on compte 23,3 millions de personnes sous traitement anti-VIH dans le monde. Une personne vivant avec le VIH et qui débute un traitement antirétroviral aujourd’hui aura la même espérance de vie qu’une personne séronégative au VIH du même âge.

Aujourd’hui qu’en est-il du sida ?

Un récent rapport publié par ONUSIDA s’alarme de « L’érosion des progrès contre le sida (qui) met des millions de vies en danger ». En effet, le constat est critique : l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord enregistrent une augmentation des infections annuelles au VIH. L’urgence est à la mise en œuvre de nouvelles ressources afin de lutter contre la recrudescence du virus dans le monde.

L’ONUSIDA estime qu’il faudra 29 milliards de dollars pour la riposte au sida dans les pays à revenu faible et intermédiaire, y compris les pays autrefois considérés comme des pays à revenu élevé, en 2025, pour être en mesure de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique mondiale.

Cette année, ONE a fait campagne pour empêcher les millions de morts évitables causées par le VIH/sida dans le monde à travers le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Nous appelons régulièrement les gouvernements du monde entier à financer le Fonds mondial à hauteur de ses besoins.

Il est primordial de maintenir la recherche et l’accès à la santé en France mais également pour nos pairs en Afrique, en Asie, en Amérique latine afin qu’ils puissent avoir un accès libre aux soins de santé.

Sources :

* ONUSIDA

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