Cette semaine, dans Ondes de Choc : des actions face à la crise alimentaire, un modèle de financement amélioré pour l’OMS, le grand risque de l’inflation, et plus encore.
ACTUALITÉS
Bonne conscience : Pfizer fournira des brevets à but non lucratif pour ses médicaments et vaccins existants et futurs, disponibles aux Etats-Unis ou dans l’Union européenne, à 45 pays à revenu faible. Le Rwanda, le Ghana, le Malawi, le Sénégal et l’Ouganda sont les premiers à rejoindre cet « Accord pour un monde plus sain », annoncé lors des réunions du Forum économique mondial de Davos. L’accord comprend actuellement 23 médicaments et vaccins qui traitent des maladies infectieuses, certains cancers, ainsi que des maladies rares et inflammatoires.
De quoi réfléchir : L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution sur l’aggravation de la crise alimentaire mondiale, appelant les pays du G7 et du G20 à donner la priorité à la sécurité alimentaire et de s’abstenir de stocker les denrées alimentaires et les produits de base. Les États-Unis ont annoncé une aide d’urgence supplémentaire de 215 millions de dollars, portant le total de leurs contributions à 2,6 milliards de dollars depuis le début de la guerre en Ukraine. Cette décision fait suite à l’approbation par la Banque africaine de développement d’un montant de 1,5 milliard de dollars pour le développement d’une facilité africaine de production alimentaire d’urgence. 20 millions de petits exploitants agricoles africains devraient bénéficier de ce dispositif, ce qui pourrait entraîner une augmentation de 12 milliards de dollars en production alimentaire.
Des nouvelles de l’OMS : Les pays membres de l’OMS ont accepté cette semaine une réforme du modèle de financement de l’organisation, destinée à renforcer sa stabilité et son indépendance. Cela permettra d’augmenter progressivement les cotisations des pays pour atteindre 50 % du budget de base de l’OMS d’ici 2030-31, contre 16 % en 2020-21. Parallèlement, une proposition venue des États-Unis visant à renforcer et améliorer certains aspects du Règlement sanitaire international (RSI) a été rejetée par les pays africains lors de la 75ème Assemblée mondiale de la santé de cette semaine. Ils affirment que les réformes proposées doivent être envisagées dans le cadre d’un « paquet global » à un stade ultérieur.
Un taux élevé : La banque centrale du Nigeria a augmenté les taux d’intérêt à 13 % pour tenter de maîtriser l’inflation, qui a atteint près de 17 % en avril. Les prêts de financement du développement resteront à 5 % jusqu’en 2023. Cette décision intervient après que la Réserve fédérale américaine a augmenté son taux d’intérêt de 0,5 % au début du mois, ce qui aurait dû avoir un effet d’entraînement à l’échelle mondiale. Depuis, les taux ont augmenté dans les principales économies, notamment au Royaume-Uni, en Australie et dans plusieurs États du Golfe. Le gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria a abaissé les prévisions de croissance du pays de 4,2 % à 3,25 % pour 2022.
L’alarme sonne : 10 % des pays émergents les plus risqués pourraient connaître une crise de la dette cette année, sous l’effet de la hausse des coûts d’emprunt et de la guerre en Ukraine, préviennent les analystes de JPMorgan. Trois pays africains – l’Éthiopie, le Rwanda et le Sénégal – pourraient voir leurs réserves s’épuiser d’ici la fin de l’année prochaine, ce qui indique un risque élevé de défaillance. Un nombre record de 27 pays émergents – dont 10 en Afrique – ont des rendements d’euro-obligations supérieurs à 10 %, ce qui représente une estimation de ce qu’un gouvernement doit payer pour emprunter sur les marchés financiers internationaux. Tout ce qui dépasse 10 % est généralement considéré comme un signe de difficulté. Vingt-trois pays africains sont actuellement en situation ou exposés à un risque élevé de surendettement.
Noyé dans la dette : Les remboursements du service de la dette de la Zambie devraient plus que tripler en 2022 par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie. Le Cadre Commun, conçu par le G20 pour offrir une solution permanente aux problèmes d’endettement structurel, n’a pas encore permis aux participants (Tchad, Éthiopie et Zambie) de bénéficier d’un allègement de dettes. En 2019, la Zambie a dépensé près de deux fois plus pour le remboursement du service de la dette que pour les soins de santé. Sans allègement et restructuration, la hausse des remboursements du service de la dette continuera d’absorber des ressources qui sont vitales pour stimuler la reprise après la pandémie. La récente législation introduite à New York exigerait que les créanciers privés participent au G20 et à d’autres processus d’aide internationale. 👏
La reprise du tourisme : Le secteur du tourisme en Tanzanie, qui a connu une baisse de près de 60 % de ses revenus, visiteurs et emplois au début de la pandémie, est en train de rebondir. Le secteur a créé plus de 100 000 emplois en 2021 par rapport à 2020. 300 000 métiers du tourisme ont été supprimés en 2020, après avoir connu une augmentation constante pendant trois ans. La croissance de l’année dernière dans ce secteur économique, qui est l’un des plus importants du pays, permet d’espérer que la Tanzanie se concentre à nouveau sur ses objectifs de développement durable.
Ne l’oublions pas : Face à l’augmentation des cas de COVID-19 dans près de 70 pays, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu que la pandémie n’était « certainement pas terminée ». Des obstacles politiques, opérationnels et financiers continuent d’entraver l’objectif de vaccination de 70 % fixé par l’OMS. Les taux de vaccination contre le COVID-19 sont inférieurs à 13 % dans les pays à revenu faible, en partie à cause de politiques et de décisions gouvernementales que Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, a qualifiées de « racistes ». Pendant ce temps, le PDG de Moderna Stéphane Bancel, dont la fortune est estimée à 4,6 milliards de dollars, a annoncé qu’il allait faire don de ses stock-options, actuellement évalués à 355 millions de dollars, à des œuvres de charité. Si seulement la société qu’il dirige s’était assurée aussi généreusement de l’équité dans la distribution des vaccins au cours de l’année écoulée…
L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION :
- Madeleine Henry de ONE souligne dans cette caricature les lacunes de la dérogation aux accords ADPIC proposée par l’OMC.
- David McNair de ONE explique en quoi consiste le Forum économique mondial de Davos, et pourquoi les personnes y voient un symbole d’inégalité.
LES CHIFFRES :
- 43 % : l’augmentation du nombre de personnes vivant dans l’insécurité alimentaire aiguë entre 2019 et 2021.
- 1 personne toutes les 48 secondes : l’estimation de la mortalité causée par la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie.