Par Edwin Ikhuoria, Directeur exécutif de ONE en Afrique
Cette semaine, nous célébrons la Journée de l’Afrique qui marque la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Aujourd’hui connue sous le nom d’Union africaine (UA), elle a été créée le 25 mai 1963 pour animer la solidarité continentale dans la lutte contre le colonialisme et l’apartheid. La Journée de l’Afrique vise à valoriser les progrès de l’Afrique, tout en réfléchissant aux défis communs auxquels le continent est confronté dans un environnement mondialisé.
Cette année marque le 57e anniversaire de sa création. Et aujourd’hui, comme partout dans le monde, les populations africaines sont confrontées à un nouveau défi : la pandémie de COVID-19. Le virus a pratiquement paralysé le monde. Au niveau mondial, les cas de COVID-19 s’élèvent à près de 5 millions, avec plus de 320 000 décès enregistrés et des milliards de personnes en confinement.
Trois mois seulement après que l’Égypte a annoncé son premier cas en février, l’Afrique compte désormais plus de 91 000 personnes infectées et plus de 2 900 décès. Si le continent africain a été épargné par la formation de grands foyers d’infection observés ailleurs dans le monde, les chiffres augmentent rapidement et les conséquences sont inquiétantes.
L’impact économique du COVID-19 s’avère dévastateur en Afrique qui fait face à des conséquences de grande envergure. Les effets de la distanciation sociale, des couvre-feux et des mesures de confinement ont entraîné l’arrêt de nombreuses entreprises. Des millions de personnes vivant de leurs revenus quotidiens ont donc perdu leur emploi et leurs moyens de subsistance. Alors que le monde est confronté à sa pire récession économique depuis la Grande Dépression, le continent risque une perte estimée à 20 millions d’emplois.
Sur le plan politique, l’Afrique a identifié le recours à des partenariats coordonnés comme une solution pour aplatir la courbe. Dans un monde où le leadership mondial est déficient, nous avons vu l’Union africaine se mobiliser pour assurer une réponse coordonnée sur tout le continent. L’UA a créé la Stratégie continentale africaine conjointe face à l’épidémie de COVID-19 (Africa Joint Continental Strategy for COVID-19 Outbreak) et soutient les pays membres via la mobilisation de ressources financières, d’expertise et la promotion de la restructuration de la dette. Cependant, l’Afrique doit conclure davantage de partenariats afin de se remettre de la crise provoquée par la pandémie de COVID-19.
Au sujet des partenariats, les dirigeants d’Europe et d’Afrique parlent depuis 2000 d’un partenariat entre les deux continents comme d’une « nouvelle dimension stratégique ». Mais cela ne s’est jamais concrétisé.
Aujourd’hui plus que jamais, les deux continents ont besoin que ce partenariat soit fort et égalitaire. L’Europe est le premier partenaire commercial et financier de l’Afrique et son premier soutien en matière d’aide, bien que cette position soit en phase de déclin. Liés par une histoire et un avenir communs en tant que voisins géographiques, l’impact du COVID-19 sera ressenti par les deux continents.
L’Europe et l’Afrique ont une vraie possibilité de concrétiser ce partenariat tant prôné pour relever les défis posés par la pandémie.
Nouvelles opportunités
Depuis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est entrée en fonction, le développement d’un partenariat égal avec l’Afrique figure en haut de la liste de ses priorités. Au début de l’année, Ursula von der Leyen s’est rendue à Addis-Abeba lors du sommet de l’Union africaine, accompagnée de la plus grande délégation présente à cette réunion.
L’Union européenne (UE) a fait preuve d’un leadership déterminant et concret dans la lutte pour mettre fin à la pandémie, en plaçant notamment l’Afrique et la nécessité d’une réponse mondiale au cœur de sa réponse au COVID-19. La Commission et ses États membres ont réalloué 20 milliards d’euros de fonds existants pour soutenir une réponse mondiale au COVID-19. Cet effort est vraiment louable et reste une preuve indéniable de leadership, par delà les frontières de l’Europe.
La prochaine étape réside dans le prochain budget à long terme de l’UE. C’est l’un des outils dont dispose l’UE pour s’assurer qu’elle met les moyens financiers au service de la volonté politique et du leadership mondial. La prochaine proposition de la Commission devrait refléter l’importance stratégique de la santé et des protections sociales pour faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 ainsi que renforcer les systèmes de santé et les secteurs sociaux les plus faibles pour être mieux préparés à faire face aux futures crises sanitaires mondiales.
Un partenariat stratégique avec l’Afrique en matière de renforcement des systèmes de santé et de protection sociale devrait être l’un des piliers centraux d’un programme de financement incluant des engagements bilatéraux.
Non seulement c’est la bonne marche à suivre, mais c’est également un choix intelligent car aucun d’entre nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous.
Ce texte a été traduit de l’anglais par Dana Khalil, assistante campagnes de ONE France.