Ce billet de blog a été rédigé par Leïla Bordie-Randera et Anaïs Magliocco, jeunes Ambassadrices de ONE en France.
Une Europe en tension
Les élections européennes de cette année ont marqué un tournant inquiétant. Avec une forte montée des partis de droite et d’extrême-droite, le nouveau Parlement européen reflète une Europe plus divisée que jamais. Dans un contexte de crises mondiales inédites, les eurodéputé·e·s débuteront l’année prochaine les négociations pour le Cadre financier pluriannuel (CPF), le budget à long terme de l’UE qui déterminera les priorités budgétaires de l’Union européenne pour 2028-2034 et sera décisif pour l’avenir de millions de personnes.
C’est dans ce contexte de crise et de divisions que 40 de nos jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de France, Belgique, Italie, Pays-Bas et Allemagne se sont rendu·e·s au Parlement européen à Bruxelles les 19 et 20 novembre afin de rencontrer les eurodéputé·e·s.
Que demandions-nous aux eurodéputé·e·s ?
Face à des enjeux sociaux et environnementaux grandissants, nous avons partagé aux eurodéputé·e·s les trois priorités nous paraissant essentielles pour le prochain budget de l’UE :
1) La sécurité sanitaire mondiale : Au cours des dernières années, nos progrès en santé mondiale, au travers des investissements accordés au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, ainsi qu’à Gavi, l’Alliance du vaccin, ont permis de sauver plus 80 millions de vies. Il est essentiel de maintenir ces avancées en y consacrant les ressources nécessaires à ces initiatives dans le prochain CPF.
2) Le financement du développement : Pour que l’Union européenne puisse maintenir son rôle de leader dans la mobilisation et la défense de l’action multilatérale, une hausse significative du budget d’aide au développement est nécessaire et devrait atteindre 200 milliards d’euros
3) Un partenariat UE-Afrique équitable : L’Union européenne ne pourra résoudre tous les défis seule. Une coopération étroite entre l’UE et l’Afrique est essentielle pour garantir un avenir durable, en particulier pour le climat et la santé mondiale. Ce partenariat doit se faire d’égal à égal et l’Union européenne doit soutenir les efforts entrepris pour accorder une meilleure représentation du continent africain dans les instances de gouvernance mondiale.
Une mobilisation européenne
Cet évènement a été l’occasion pour nous de fortifier nos connaissances sur la politique et les enjeux actuels de la lutte contre les inégalités et la santé mondiale à l’échelle européenne.
Nous avons ainsi suivi une demi-journée de préparation pour nos rendez-vous en compagnie des autres jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices venant de Belgique, Allemagne, Italie et Pays-Bas. Nous avons pu également échanger avec elles et eux, découvrir leurs engagements et raisons d’agir – toutes plus inspirantes les unes que les autres ! Ces rencontres ont été très motivantes et nous ont conforté·e·s dans notre activisme et notre volonté d’agir de manière plus ambitieuse pour la solidarité internationale.
Quels résultats avons-nous obtenus ?
Au sortir de ces deux journées de plaidoyer, les 40 jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE à travers l’Europe ont pu discuter avec 32 eurodéputé·e·s de divers pays de l’Union européenne, dont 8 français·e·s. Nous n’avons donc pas chômé durant ces 48 heures !
Notre but était simple : faire signer notre lettre ouverte aux élu·e·s rencontré·e·s à destination de Jozef Síkela, Commissaire européen chargé des Partenariats internationaux, et Piotr Serafin, Commissaire européen chargé du Budget, afin de leur faire remonter nos demandes.
Ce qui ressort de nos échanges avec les député·e·s européen·ne·s ? Une vive inquiétude quant à la montée de l’extrême-droite, qui pourrait fortement saper le travail entrepris sur les questions de santé mondiale et d’investissements pour le développement du continent africain, ainsi que d’un partenariat équitable avec ce dernier ; mais également un appel fort et urgent à continuer de lutter pour les valeurs de solidarité et d’égalité dans un contexte difficile, voire hostile. Les eurodéputé·e·s que nous avons rencontré·e·s étaient toutes et tous plus que disposé·e·s à nous aider et comptent sur la mobilisation de la société civile pour faire contrepoids.
Et maintenant ?
Nous allons bien évidemment continuer de rencontrer et mobiliser les eurodéputé·e·s afin qu’ils agissent au sein du Parlement européen mais également à l’échelle de la Commission européenne dans le contexte de préparation du budget 2028-2034. Nous suivrons leurs engagements et prises de décisions afin de vérifier qu’ils sont à la hauteur des besoins actuels.