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Coupes de l’aide internationale : Retour sur notre mobilisation

Actualité

Ce billet de blog a été rédigé par Laila et Leïla, jeunes Ambassadrices de ONE.

Chaque année, nous, jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices de ONE, nous mobilisons lors des Journées de plaidoyer pour défendre la cause de l’aide publique au développement (APD). Ces deux journées, traditionnellement fixées en amont du vote du budget de l’année suivante à l’Assemblée nationale, sont l’occasion de rappeler à nos élu·e·s, les député·e·s, les inégalités mondiales subsistantes, les engagements de la France en matière de solidarité internationale et les solutions permettant de renforcer le budget du pays en faveur de l’aide au développement. 

Après plusieurs mois de contacts, de relances et d’interpellations par mail, téléphone et sur les réseaux sociaux, nous avons contacté un total de 105 député·e·s et réussi à en rencontrer 15. 

Des enjeux mondiaux sans précédent

Les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi inquiétants. Près de 700 millions de personnes vivent dans l’extrême pauvreté, soit une personne sur neuf. La pandémie de COVID-19, les conflits armés et le changement climatique ont aggravé cette situation, poussant 95 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en 2022.

L’accès aux services essentiels comme la santé et l’éducation reste très inégal : 250 millions d’enfants sont privés de scolarité, dont un cinquième en Afrique subsaharienne.

De plus, 10 des pays les plus touchés par les changements climatiques se trouvent en Afrique, alors qu’ils sont les moins contributifs à cette crise environnementale. 

Un contexte particulièrement alarmant

Cette année, le contexte est particulièrement alarmant. Alors que les besoins humanitaires ne cessent de croître face aux conséquences des crises multiples, la France a décidé de réduire drastiquement son aide internationale. Ces coupes budgétaires, inédites par leur ampleur (-13 % en 2024 et -34,5 % prévus pour 2025), mettent en péril des millions de vies et remettent en question l’engagement de notre pays en faveur de la solidarité internationale.

Le contexte national et international doublement alarmant ne nous a pas freiné·e·s, au contraire ! Nos voix résonnent plus fort que jamais face à une situation d’inquiétude. Alors que le monde fait face à des crises multiples et complexes – climatiques, sanitaires, humanitaires –, réduire les financements destinés aux pays à faible revenu revient à tourner le dos à nos valeurs de solidarité et à compromettre l’avenir de millions de personnes.

Ces décisions vont à l’encontre des engagements pris par la France au niveau international et mettent en péril l’atteinte des Objectifs de développement durable. Pire encore, cela revient à compromettre la crédibilité de la France qui s’est engagée à dédier 0,7 % de son revenu national brut (RNB) d’ici 2025, comme inscrit dans la loi du 4 août 2021.

Des solutions existent !

Pour inverser cette tendance, il est nécessaire de mobiliser davantage de ressources pour l’APD. Comment ? En augmentant la taxe sur les transactions financières (TTF), créée en 2012 pour pallier aux déséquilibres causés par la mondialisation, et dont une partie des recettes permet de financer directement notre solidarité internationale via le Fonds de solidarité pour le développement (FSD).

Cependant, en plus des coupes budgétaires, le gouvernement souhaite également supprimer le FSD et donc retirer le lien entre la TTF et le financement de l’APD – un lien pourtant historique ! Concrètement, cela signifie que la seule source stable et garantie de financements pour la solidarité internationale est supprimée, laissant l’APD vulnérable aux aléas budgétaires année après année.

Plusieurs pistes peuvent être explorées pour contrer cela et ce sont les demandes que nous avons proposées aux député·e·s que nous avons rencontré·e·s lors des Journées de plaidoyer :

  • Rattacher le Fonds de solidarité pour le développement à l’Agence française de développement (AFD) afin de l’en doter d’une personnalité morale
  • Renforcer la taxe sur les transactions financières : en augmentant son taux de 0,3 % à 0,5 % 
  • Elargir l’assiette de la TTF  : en incluant  les transactions intra-journalières
  • Augmenter l’affectation de la TTF à l’APD : en passant de 50 % dédiés à l’APD au lieu de 30 % actuellement
  • Améliorer la transparence et le recouvrement de la TTF : en confiant la collecte de la taxe au ministère de l’Economie et des Finances (au lieu de l’acteur privé Euroclear)

Ces mesures sont non seulement justes et efficaces, mais elles sont également en phase avec les attentes de la société civile. Les député·e·s ont un rôle essentiel à jouer dans la construction de la politique française de solidarité internationale, notamment en participant au vote du budget annuel de l’aide au développement. Et c’est pourquoi les rencontres et engagements pris lors de ces Journées de plaidoyer ont le potentiel de faire avancer les choses ! 

Mais avant l’action, place à la formation ! 

En prélude à ces deux Journées de plaidoyer, nous avons suivi une journée de formation afin de nous préparer et nous outiller au mieux pour leur rencontre avec les député·e·s.

La journée a démarré par une présentation théorique sur des concepts clés tels que l’aide publique au développement, les processus budgétaires, les outils (TTF, FSD…). Ensuite, nous avons pu bénéficier des conseils et astuces de Sabrina Abib, collaboratrice parlementaire du député et président de la commission des affaires étrangères Bruno Fuchs. Nous avons pu échanger avec elle sur nos appréhensions et poser toutes nos questions sur les processus internes à l’Assemblée nationale. 

Après la théorie, place à la pratique ! L’après-midi était réservée d’une part à des simulations de rendez-vous plaidoyer, où l’enjeu était de préparer au mieux son argumentaire face à des député·e·s plus ou moins réceptif·ve·s, et d’autre part des simulations d’interviews pour les médias dans le but d’apprendre à gérer les questions difficiles et faire passer un message clé. 

Après cette journée riche et instructive, nous sommes reparti·e·s déterminé·e·s et prêt·e·s pour nos rendez-vous de la semaine d’après ! 

Déroulé des RDV et résultats

Nous nous sommes rendu·e·s à  l’Assemblée nationale les 15 et 16 octobre, dès le début de l’examen du Projet de loi de finances, pour échanger sur les coupes budgétaires de l’APD et de l’impact sur les pays en développement.

Sur les deux jours, nous nous sommes réparti·e·s pour chaque rendez-vous en groupe de trois et avons pu obtenir 10 rencontres avec un·e député·e, accompagné·e de son assistant·e parlementaire, ou un·e collaborateur·rice quand le ou la député·e n’était pas disponible.

Nos interlocuteur·ice·s étaient très réceptif·ve·s à nos demandes et avaient déjà une bonne connaissance des enjeux de l’APD. Les échanges ont été constructifs et pousssés, les député·e·s ayant parfois des questions techniques sur la TTF et le FSD.

Plusieurs amendements ont été déposés, par la quasi-totalité des partis politiques, et certains ont été adoptés en commissions des finances, démontrant ainsi l’adhésion transpartisane sur les enjeux d’APD. Toutefois, la commission a fini par rejeter le texte final lors du vote. Mais tout n’est pas perdu ! Des amendements ont de nouveau été déposés pour les débats en plénière, qui ont commencé le 21 octobre.

Et maintenant ?

Après une semaine de débats, les discussions ont été suspendues à l’Assemblée nationale et devraient recommencer à partir du 5 novembre. Les amendements sur l’APD seront examinés à ce moment-là. L’équipe de ONE et les jeunes Ambassadeurs et Ambassadrices restons pleinement mobilisé·e·s auprès des député·e·s et du gouvernement sur les prochaines semaines. Nous continuons à les rencontrer pour leur donner tous les éléments nécessaires pour pouvoir déposer des amendements et éviter un scénario catastrophique sur l’APD.

Notre mobilisation passe aussi par les réseaux sociaux, pour continuer à informer sur l’importance de la solidarité internationale dans la lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables, et appeler les citoyen·ne·s à user de leur pouvoir pour interpeller nos élu·e·s politiques.

Ensemble, nous pouvons construire un monde plus juste et égalitaire, en exigeant les investissements nécessaires !

Suivez-nous sur X et Instagram pour en savoir davantage sur les avancées de notre mobilisation.

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