L’Histoire a maintes fois prouvé que la témérité de quelques-uns peut soulever des montagnes et mobiliser des milliers de citoyens contre le statu quo.
Cette liste non-exhaustive d’actes de défiance emblématiques rappelle à quel point la portée politique d’une voix ou d’un geste peut être importante et durable.
La Marche du Sel de Gandhi (Inde, 1930)
Nous devons incarner ce même changement que nous souhaitons pour le monde.
L’instauration en Inde d’un lourd impôt sur les importations de sel par l’Angleterre provoqua une vague d’indignation dans tout le pays, touchant toutes les classes sociales.
Pendant les 24 jours de la « Marche de Sel », Gandhi demanda à ses partisans de boycotter le sel importé et les encouragea à produire le leur. Malgré son arrestation, le mouvement continua et prit de l’ampleur, au point qu’il aboutit 17 ans plus tard à l’indépendance du pays.
Rosa Parks et le Boycott des Bus de Montgomery (Etats-Unis, 1955)
Battez-vous pour une cause, autrement vous mourrez pour rien.
Le 1er décembre 1955, en Alabama, une couturière nommée Rosa Parks osa se dresser contre les lois ségrégationnistes en vigueur dans le Sud des Etats-Unis. Elle refusa de céder son siège à un passager blanc dans un bus malgré les demandes du conducteur.
Son geste initia le boycott de la compagnie de bus, soutenu par Martin Luther King, afin de contraindre la municipalité à considérer leurs revendications. Après 361 jours, leur combat fut récompensé par la décision de la Cour Suprême de déclarer ces lois anticonstitutionnelles et galvanisa le mouvement pour les droits civiques des noirs aux Etats-Unis.
Le Poing levé de Tommie Smith et John Carlos sur le podium des J.O de Mexico (Mexique, 1968)
Après ma victoire, l’Amérique blanche dira que je suis Américain, mais si je n’avais pas été bon, elle m’aurait traité de Noir. – John Carlos après sa victoire
Sur le podium du 200m messieurs, les deux coureurs Américains lèvent leur poing ganté de noir pendant la diffusion de l’hymne américain, en protestation contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis et en soutien au mouvement Black Panthers.
Considérant ce happening trop scandaleux, le Comité International Olympique demanda la suspension des athlètes des compétitions internationales, si bien qu’ils furent exclus à vie des Jeux Olympiques. Néanmoins, cette image reste encore aujourd’hui l’une des plus marquantes de l’histoire des Jeux.
Le Manifestant Anonyme de la place Tienanmen (Chine, 1989)
Qu’est-ce que vous faites là ? La ville est à feu et à sang à cause de gens comme vous. – Le Manifestant Anonyme interpellant le conducteur du tank.
Tout le monde l’a vu. Mais pourtant, personne ne sait qui est l’homme qui ose se dresser sur la route des tanks chinois lors des manifestations de Tienanmen. Alors que les véhicules tentent de le contourner, il insiste et se place constamment devant eux pour les empêcher d’avancer.
En bloquant à lui seul une file de plusieurs tanks, cet homme a montré à la face du monde à quel point des gestes pacifiques peuvent défier des régimes considérés comme tout-puissants.
L’assignation à résidence de Aung San Suu Kyi (Birmanie, 1989-2010)
Je viens d’être libérée après 6 ans d’assignation à résidence. Pourtant, si j’ai regagné ma liberté, je me dois de la mettre au service des hommes et des femmes qui ont et continuent à souffrir bien plus que moi. – Aung San Suu Kyi, après une courte libération en 1995.
Cette figure emblématique de l’opposition à la junte militaire birmane a passé près de 15 ans enfermée à résidence à la suite de sa victoire aux élections de 1990. En signe de soutien à son combat pour la démocratie, la communauté internationale lui a attribué le Prix Nobel de la Paix en 1991.
Durant son incarcération, elle est séparée de son mari, aujourd’hui décédé des suites d’un cancer, et de ses deux enfants. Libérée le 13 Novembre 2010, elle a depuis laissé entendre son intention de participer aux élections présidentielles de Birmanie prévues pour 2015.
L’exil de Taslima Nasrin en Inde (1994-présent)
Peu importe les risques, je continuerai à ma battre pour l’égalité et la justice, sans aucun compromis, et jusqu’à la mort s’il le faut. Personne ne pourra jamais me réduire au silence. – Taslima Nasrin.
Taslima Nasrin est une ancienne physicienne et aujourd’hui auteure, originaire du Bangladesh. Depuis la publication de son roman Lajja en 1993, qui explique les extrémismes et les tensions entre Musulmans et Hindous dans son pays, elle est forcée de vivre en Inde.
A partir d’expériences personnelles, elle a également écrit sur les droits des femmes et sur le fléau des abus sexuels au Bangladesh. Nombreux de ses romans et essais ont été interdits dans son pays d’origine, mais elle reste, dans les consciences collectives, une figure emblématique en faveur de la liberté d’expression et pour l’émancipation des femmes.
Le Combat de Malala Youzafrai (Pakistan, 2011-Présent)
La plume est plus puissante que l’épée. Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. La puissance de l’éducation leur fait peur. Ils ont peur des femmes. La puissance de la voix des femmes leur fait peur. – Malala Youzafrai à l’ONU
Malala est une jeune lycéenne vivant dans le Nord du Pakistan. Très jeune, elle dénonce l’action des soldats Talibans qui interdisent aux jeunes filles d’aller à l’école et menacent régulièrement leurs familles. En octobre 2012, elle échappe à une tentative d’assassinat, et est soignée en Angleterre.
Depuis, elle bénéficie d’une exposition médiatique sans précédent qu’elle utilise pour défendre sa cause à l’échelle internationale. Elle a notamment parlé à la tribune de l’ONU sous les applaudissements des diplomates de plus haut rang.
Elle a été honorée du Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes et le Prix Sakharov décerné par le Parlement Européen.