6 étudiantes passent à la loupe les diplomaties féministes
2021, l’année du Forum Génération Égalité
Dans le contexte du Forum Génération Egalité sur les droits des femmes et des filles, ONE accompagne et publie le rapport de six étudiantes de Sciences Po autour d’un sujet plus actuel que jamais : la diplomatie féministe.
En 2014, la Suède devient le premier pays du monde à revendiquer officiellement une diplomatie féministe. En 2021, cinq autres pays ont rejoint cette dynamique. Le concept de diplomatie féministe est particulièrement récent, et ses contours en constante évolution. En l’absence de texte international de référence pour définir le terme, son appréciation diffère beaucoup selon les pays.
D’après le Forum économique mondial, atteindre l’égalité est une perspective qui a reculé d’une génération entière à l’échelle mondiale du fait de la pandémie : d’environ 99 ans, il faudra désormais compter 135 ans pour la voir advenir. Or 2021 est aussi l’année du Forum Génération Egalité, un rassemblement mondial co-présidé par la France et le Mexique pour accélérer les progrès en matière de droits des femmes et des filles. C’est dans ce contexte que le rapport interroge la notion de diplomatie féministe à travers l’analyse comparée de neuf pays participant au Forum : l’Afrique du Sud, le Rwanda, la Tunisie, les Maldives, le Mexique, l’Argentine, l’Espagne, l’Allemagne et la Suède.
Diplomatie féministe : l’exemple du Rwanda
D’une part, il apparaît que le contexte national peut jouer un rôle déterminant dans l’orientation de sa politique extérieure pour l’égalité. Au Rwanda par exemple, le génocide a eu un impact démographique inédit sur le pays. Après le conflit, la supériorité numérique des femmes et leur rôle incontournable dans la reconstruction du pays expliquent en partie la forte représentation des femmes en politique. Le Rwanda est doté du Parlement le plus féminisé du monde, avec 64% de femmes dans la chambre basse, et est de plus en plus reconnu comme un modèle sur cette question à l’international.
L’égalité femmes-hommes comme outil de soft power ?
Mais la promotion de l’égalité femmes-hommes dans la politique étrangère relève indéniablement d’un outil de soft power des Etats, et s’impose de plus en plus comme un enjeu politique et réputationnel. Le risque est dès lors que la diplomatie féministe serve de vitrine à l’étranger malgré une politique nationale décriée. Le gouvernement mexicain, qui s’est porté co-président du Forum Génération Egalité, est très critiqué par les mouvements féministes du fait de coupes budgétaires dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans le pays, à l’heure où on y décompte environ 10 féminicides par jour. D’autres pays mettent aussi en avant leur progressisme sur la scène internationale alors que des manquements structurants sévissent encore sur leur sol national, comme par exemple l’accès aux droits et la santé sexuels et reproductifs.
Par ailleurs, la diplomatie féministe peut s’articuler autour de différentes actions extérieures : plaidoyer pour les droits des femmes dans les fora internationaux, féminisation des corps diplomatiques et militaires, aide publique au développement genrée, ou encore résolution de crise inclusive des femmes et des filles. Mais le rapport fait aussi état d’une diversification des domaines où l’égalité femmes-hommes est progressivement prise en compte – climat, santé, commerce, éducation, sport ou encore culture. Bien qu’encore récents, ces premiers pays d’intégration de la dimension de genre sont encourageants pour leur effet d’entraînement à l’échelle internationale sur les autres pays. Ils participent à construire une norme à atteindre en politique étrangère, à un moment où la montée des conservatismes s’impose aussi de plus en plus sur les scènes nationales et internationales.
Les signaux encourageants autour de la diplomatie féministe
Les bonnes pratiques se multiplient, les pistes d’amélioration aussi. Création d’un mécanisme de redevabilité mondial, meilleure collecte de données sur les femmes et les filles, établissement de cibles concrètes pour l’aide au développement genrée, intégration de budgets genrés et de quotas paritaires… Loin de tout pink-washing, le rapport explore les avancées et les angles morts de ces politiques étrangères, et formule des recommandations pour déployer une diplomatie féministe réellement ambitieuse, dès aujourd’hui.
Pour en savoir plus, retrouvez ici le rapport entier et son résumé.
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