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DATA 2015 – Les pays les moins avancés, laissés pour compte de l’aide au développement

Paris, le 26 mai 2015 –  A la veille de réunions internationales déterminantes pour la lutte contre l’extrême pauvreté – Conseil européen du développement, sommet du G7 et conférence d’Addis-Abeba – ONE publie l’édition 2015 de son rapport DATA.

Ce rapport dresse un état des lieux des financements du développement et propose des recommandations pour soutenir en priorité les populations des pays les moins avancés, premières victimes de l’extrême pauvreté.

 

Moins d’un tiers de l’aide au développement mondiale pour les plus pauvres

Dans les pays les moins avancés, 43% de la population vit sous le seuil d’extrême pauvreté, contre 13% pour les autres pays en développement, un écart qui devrait encore se creuser au cours des quinze prochaines années.

Malgré ce constat effrayant, en 2014, les pays de l’OCDE ont alloué moins d’un tiers (30,3%) de leur aide au développement (APD) aux pays les moins avancés. Pire, cette aide est en baisse depuis 2010, moins 6%, soit une coupe de 2,74 milliards de dollars en 4 ans.

« Ces dernières années, les pays donateurs ont tourné le dos aux pays les plus pauvres, alors que ce sont justement ceux qu’il faut soutenir en priorité », déclare Friederike Röder, directrice de ONE France.

 

20 fois moins de budget pour les services essentiels dans les pays les plus pauvres

En 2014, les pays les moins avancés ont dépensé en moyenne 222 dollars par an et par personne pour les secteurs comme la santé ou l’éducation, quand le strict minimum est évalué à 500 dollars.

La situation dans certains pays est même catastrophique. Le budget du Liberia, récemment frappé par l’épidémie d’Ebola, est de 6 dollars par an et par personne pour ces services essentiels. Il est de 31 dollars pour la République démocratique du Congo et de 47 dollars pour le Niger, contre 8202 dollars pour la France.

« Un tel niveau de pauvreté est inacceptable en 2015, surtout quand nous savons comment y remédier. Les gouvernements du Sud et du Nord doivent arrêter de se voiler la face et affronter ce défi qui nous concerne tous.

Il faut augmenter l’aide internationale vers ces pays et leurs populations les plus démunies ; les pays en développement eux-mêmes doivent améliorer la collecte de leurs impôts et la gestion de leurs revenus ; et tous les pays doivent mettre en place un dispositif efficace pour lutter contre la corruption et l’évasion fiscale à l’échelle internationale.

Ces mesures n’ont rien de sorcier et pourraient sortir des millions de personnes de l’extrême pauvreté, » affirme Friederike Röder.

Dès à présent, les donateurs doivent réorienter leur aide vers les pays les moins avancés. Rien qu’en 2014, si les donateurs de l’OCDE avaient alloué 50% de leur APD totale aux pays les moins avancés, ces pays auraient reçu 26,5 milliards de dollars supplémentaires pour financer des secteurs essentiels.

 

La France, en régression perpétuelle

L’aide publique au développement de la France ne cesse de diminuer depuis l’élection de François Hollande, avec une chute de plus d’un milliard de dollars depuis 2011, et ce malgré l’augmentation des financements innovants. Pire, malgré la loi d’orientation de la politique de développement de la France votée en 2014 et l’identification de pays pauvres prioritaires, l’aide de la France vers les pays les plus pauvres ne représente toujours qu’un quart de son aide totale.

Cette baisse de l’APD s’inscrit à contre-courant de la tendance mondiale et la France, déjà derrière le Royaume-Uni en termes de ratio APD/RNB, vient également de passer derrière l’Allemagne.

« Année après année, et malgré les promesses du candidat et du Président Hollande, la France semble vouloir faire l’impasse sur sa politique de développement. C’est une question de solidarité mais aussi de crédibilité alors que la France accueille cette année une des grandes réunions de l’année du développement, la Conférence climat.

François Hollande a encore plusieurs opportunités devant lui pour redresser la barre. Il ne doit pas les laisser passer », rappelle Friederike Röder.

 

Le sort des plus pauvres de la planète en jeu dans les semaines à venir

Les prochaines semaines vont être déterminantes. Le Sommet du G7 en Allemagne, mais aussi le Conseil européen de juin entérineront les objectifs ambitieux ou non que se fixeront ces pays influents pour lutter contre l’extrême pauvreté.

« Cela ne fait pas la une des journaux mais l’avenir de millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté se joue dans les semaines à venir. Le G7 et l’Europe prendront-ils la mesure de l’enjeu ? » s’interroge Friederike Röder.

Ces réunions seront d’autant plus décisives qu’elles détermineront la base de négociation pour la Conférence d’Addis-Abeba qui devra aboutir à un nouveau pacte entre tous les pays, riches et pauvres.

Pour accroître les financements pour le développement et assurer son efficacité, ONE fait une série de recommandations et demande en priorité aux pays donateurs d’augmenter leur aide afin de tenir leur engagement d’allocation de 0,7% de la richesse nationale à cette aide, mais aussi d’affecter 50% de cette aide aux pays les plus pauvres.

 

Contact: Annabel Hervieu / [email protected] / + 33 6 31 22 89 68

 

Notes aux rédacteurs :

  • Le rapport est disponible en ligne.
  • En 2014, la France a alloué 0,36% de son revenu national brut à l’APD, l’Allemagne 0,41% et le Royaume-Uni 0,7%.
  • Les sources, d’autres statistiques ainsi que l’intégralité des recommandations de ONE sont disponibles dans le rapport.

 

À propos de ONE

ONE est une organisation mondiale de plaidoyer et de campagne, cofondée par Bono, qui lutte contre l’extrême pauvreté, essentiellement en Afrique. ONE est soutenue par plus de 6 millions de personnes à travers la planète et compte plus de 240 000 membres en France.

Pour plus d’information: www.one.org/fr