Pourquoi les femmes et les filles doivent être au cœur de la lutte pour l’éradication de l’extrême pauvreté
En France, 9 femmes sur 100 000 meurent en couches, contre 1 100 en Sierra Leone. Voilà la réalité : une femme a 122 fois plus de risques de mourir en couches en Sierra Leone qu’en France. Difficile de trouver des chiffres reflétant de manière plus précise l’injustice qui règne dans ce monde. Un monde dans lequel la vie ou la mort est fonction de la situation géographique, du lieu de naissance d’une personne.
Les difficultés et les injustices dont sont victimes les filles et les femmes vivant dans les pays en développement sont nombreuses, et ce, à tous les niveaux au cours de leur vie, qu’ils s’agissent d’obstacles structurels, sociaux, économiques ou politiques. Des obstacles que les hommes et même les femmes des pays riches rencontrent dans une bien moindre mesure. Les chiffres sont alarmants, bien au-delà de la mortalité maternelle.
En effet, chaque jour, près de 39 000 jeunes filles de moins de 18 ans sont mariées ce qui implique, entre autres, qu’elles courent des risques supplémentaires de souffrir de violences conjugales. À peine plus de 20 % des filles pauvres vivant en milieu rural en Afrique achèvent l’enseignement primaire, moins de 10 % terminent le premier cycle de l’enseignement secondaire et, dans de nombreux pays, les femmes n’ont pas le droit à l’héritage. De plus, les femmes n’ont souvent pas accès à la propriété, à des sources d’énergie modernes et fiables, aux technologies, ou aux services financiers.
Dans le monde, seulement 22 % environ des parlementaires sont des femmes. Les femmes peuvent être touchées de manière disproportionnée par la corruption en raison de leur accès réduit aux ressources, d’une participation politique moins importante et de la protection plus faible de leurs droits. À l’origine de ces disparités : des limites culturelles et juridiques, en dépit du rôle primordial des femmes dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, à la maison, au travail et au sein de leur communauté. Les violences physiques et sexuelles faites aux femmes sont, dans tous les pays du monde, le reflet du sexisme, du manque de respect et de l’abus des droits fondamentaux des femmes. Au-delà des violations flagrantes des droits de l’homme, imaginez-vous cultiver un champ, réparer une voiture, confectionner un vêtement ou coder un nouveau programme informatique, avec une main attachée dans le dos. C’est précisément la situation dans laquelle se trouvent les femmes lorsque la société fait fi de leur potentiel.
N.B.: veuillez noter que ce texte est extrait de l’introduction de La pauvreté est sexiste et que toutes les sources sont citées dans le rapport téléchargeable ci-dessous.