L’année dernière, plus de 34 000 personnes ont été contraintes d’abandonner leur foyer chaque jour, et ce, en raison de violences, de persécutions ou de conflits. Ce niveau sans précédent de déplacements forcés a engendré une crise mondiale de migrations et de réfugiés, à laquelle les dirigeants mondiaux n’ont, jusque-là, pas réussi à apporter de solutions sur le long terme.
On compte aujourd’hui près de 21,3 millions de réfugiés dans le monde, et beaucoup d’entre eux sont dans l’impasse et vivent dans l’incertitude durant des années, privés des droits qui leur permettraient d’être autonomes et de commencer une nouvelle vie.
Ainsi, des solutions rapides et concrètes sont nécessaires afin que les réfugiés puissent s’intégrer dans une nouvelle société. Et la première étape de ce processus est l’accès à une éducation de qualité.
L’éducation n’est pas seulement un droit fondamental ; c’est aussi l’un des atouts les plus précieux qu’un réfugié puisse avoir. En effet, les enfants et adolescents réfugiés qui intègrent les systèmes scolaires nationaux nouent des amitiés sur la durée avec les enfants du pays qui les accueille, apprennent de nouvelles langues, et développent les compétences essentielles pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Pour les enfants réfugiés, l’école est un lieu sûr où ils peuvent à la fois apprendre et jouer, des besoins de base à tout enfant en pleine croissance, mais plus particulièrement pour ceux qui ont été arrachés de leur foyer et ont été témoins des horreurs de la guerre.
Les enfants ayant fui un conflit ont plus de risques d’être sujets aux violences et aux abus, et l’éducation est un moyen vital qui offre une protection solide et leur garantit un avenir. C’est un droit humain fondamental, et si nous n’offrons pas à ces enfants la possibilité d’étudier, nous risquons de perdre une génération entière alors que la solution est entre nos mains. C’est pourquoi l’éducation joue un rôle crucial pour les communautés de réfugiés.
Cependant aujourd’hui, seulement 2% des financements des interventions d’urgence sont dédiés à l’éducation. Ainsi, près de 3,6 millions d’enfants réfugiés ne sont pas scolarisés. Une situation aux conséquences désastreuses. Les enfants sont plus facilement exploités ou victimes de travail forcé pour gagner un peu d’argent. Certaines familles doivent recourir au mariage forcé pour survivre, ce qui pousse jusqu’à 90% des filles à quitter l’école dans certaines régions.
Il faut aussi savoir que 86% des réfugiés sont accueillis dans les pays en développement qui font déjà face à des budgets serrés. Et l’ampleur de la crise a amoindri leurs ressources déjà limitées. Les enfants réfugiés ne peuvent souvent pas s’inscrire à l’école à cause de la législation locale et les établissements scolaires ne sont pas suffisamment équipés pour gérer et accueillir un nombre croissant d’élèves.
Pour s’assurer que cette situation change, les dirigeants mondiaux doivent désormais passer à la vitesse supérieure. Lors des deux sommets pour les réfugiés qui se tiendront en septembre prochain, ces derniers doivent adopter un plan d’action crédible et concret pour garantir une éducation de qualité à tous les enfants réfugiés, dont au moins 1 million d’enfants d’ici la fin de l’année scolaire.
Pour atteindre cet objectif, les pays donateurs et les pays d’accueil doivent mettre en œuvre des politiques favorisant l’accès à l’éducation aux enfants réfugiés. Cela passe par la suppression de restrictions légales et financières pour accéder plus facilement à l’école, la formation des enseignants, la mise en place d’infrastructures ou encore la promotion d’outils innovants permettant d’offrir aux enfants les moyens d’apprendre plus activement.
Ces mesures doivent aussi être accompagnés des financements nécessaires à leur mise en œuvre et ce suffisamment rapidement pour que les enfants réfugiés qui ne sont toujours pas scolarisés puissent retourner à l’école.
Ainsi, les pays donateurs doivent augmenter leur budget d’aide humanitaire à hauteur d’au moins 30% pour pouvoir répondre à la crise actuelle. En février dernier, les pays donateurs s’étaient engagés à financer l’accès à l’éducation de 700 000 enfants réfugiés syriens, une promesse qui n’a été que partiellement tenue.
Les dirigeants doivent aussi changer leur approche quant au financement de l’aide humanitaire, comme convenu par les réformes de la « Grande Négociation » (en anglais « Grand Bargain ») lors du Sommet Humanitaire Mondial de 2016.
Ils devront aussi s’engager à financer de manière prévisible et pluriannuelle des projets humanitaires et à créer un outil de suivi qui permettrait d’assurer la collecte de données quant aux promesses et engagements pris par les gouvernements et les agences dans un délai convenable.