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Quand Big Pharma tente de réécrire l’histoire

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Cette semaine dans Ondes de Choc : deux hommes sèment le chaos au Soudan, de bonnes nouvelles pour l’éradication du paludisme, les entreprises pharmaceutiques tentent de réécrire l’histoire, et plus encore.

ACTUALITES

Des priorités mal définies : Au Soudan, les violents combats entre l’armée et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide ont coûté la vie à des centaines de civils et interrompu l’accès à des services sociaux de base pour des millions de personnes. À Khartoum, où les combats se sont concentrés, les habitants sont confrontés à des pénuries d’électricité et d’eau et à un système de santé au bord de l’effondrement. Le Programme alimentaire mondial a interrompu ses opérations après que des attaques contre ses installations aient tué trois de ses employés – un terrible revers pour un pays où un tiers de la population est touchée par la faim. Au cœur du conflit se trouvent deux généraux dont l’alliance précaire s’est rompue au milieu des négociations en vue d’un retour à la démocratie. L’histoire n’est que trop familière : deux hommes puissants qui se disputent le pouvoir et des innocents pris entre deux feux. Comme l’a dit avec justesse une citoyenne soudanaise, « ils se battent pour le pouvoir, tandis que nous nous battons pour manger et boire ».

Bonne nouvelle pour les vaccins : Le Ghana et le Nigeria sont les premiers pays à approuver un nouveau vaccin contre le paludisme mis au point par l’Université d’Oxford. Les deux pays ont pris la décision inhabituelle de donner leur feu vert au vaccin avant même la publication des données de la phase finale de l’étude. Cela montre bien l’urgence de la situation : le paludisme tue plus de 600 000 personnes chaque année, et la majorité des victimes sont des enfants en Afrique. 32 % des décès dus au paludisme dans le monde surviennent au Nigeria. Lors d’essais à mi-parcours, le vaccin R21 contre le paludisme présentait un taux d’efficacité allant jusqu’à 80 % après 12 mois. Entre-temps, la production du premier vaccin antipaludique au monde, Mosquirix, qui a reçu l’approbation de l’OMS l’année dernière, est en retard par rapport à la demande. GSK, qui produit le Mosquirix, affirme ne pas avoir les fonds nécessaires pour augmenter la production…. Pourtant, GSK a réalisé un bénéfice ajusté de 8,2 milliards de livres en 2022 et prévoit des revenus encore plus élevés cette année. ¯_(ツ)_/¯

La prison des débiteurs : L’Afrique subsaharienne se dirige vers sa deuxième année consécutive de baisse de la croissance économique. La diminution de l’aide étrangère et des financements privés, combinée à la hausse des taux d’intérêt et de l’appréciation du dollar a rendu difficile pour les pays pauvres d’honorer le service de leur dette. Cela signifie que les gouvernements sont moins en mesure d’investir dans la santé, l’éducation et les infrastructures (le Nigeria a consacré 96 % de ses recettes publiques au service de sa dette en 2022). Pour compliquer les choses, les mécanismes mondiaux actuels d’annulation de la dette sont inefficaces et n’impliquent pas tous les créanciers. Le FMI affirme que des réformes du système actuel de la dette sont « urgentes ». Mais le FMI devrait peut-être se réformer lui-même : selon une analyse d’Oxfam, pour chaque dollar que le FMI encourage les pays à revenu faible à dépenser en biens publics, il leur demande d’en réduire quatre fois plus par le biais de mesures d’austérité.

La faim d’Est en Ouest : Pas moins de 48 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et Centrale souffriront de la faim dans les mois à venir, en partie à cause des restrictions pour contenir l’inflation sur les denrées alimentaires. La guerre en Ukraine contribue largement à ces augmentations à deux chiffres des prix des denrées alimentaires dans la région. Les restrictions commerciales mises en place par les gouvernements pour protéger les approvisionnements alimentaires locaux ont exacerbé l’insécurité alimentaire, tout comme le changement climatique et les conflits dans certaines parties du Sahel. Au Kenya, 2,6 millions de bovins sont morts à cause de la pire sécheresse depuis 40 ans, dont près de 40 % du bétail d’un comté. Le stress qui en résulte serait à l’origine d’une recrudescence des suicides, de violences sexistes et sexuelles et des problèmes de santé mentale chez les agriculteurs.

Ce n’est pas une parodie : L’industrie pharmaceutique fait pression sur le G7 pour que l’histoire se répète : elle veut supprimer les dérogations aux droits de propriété intellectuelle dans le traité de l’OMS sur les pandémies. Un porte-parole de l’industrie a affirmé, sans ironie, que la protection des droits de propriété intellectuelle « est l’une des leçons de la pandémie de COVID-19 ». Pour rappel, le financement public a joué un rôle important dans le développement des vaccins contre le COVID-19, l’inégalité vaccinale était (et reste) endémique, et les grandes entreprises pharmaceutiques ont agressivement contrecarré les efforts visant à étendre la production de vaccins, ce qui aurait été possible grâce au partage des droits de propriété intellectuelle et aux transferts de technologies. Nous avons un message pour Big Pharma : vous êtes peut-être l’une des industries les plus puissantes au monde, mais vous n’avez pas le pouvoir de réécrire l’histoire.

L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION : 

  • Retrouvez Maud Sarda, Directrice du Label Emmaüs dans notre podcast ONE World cette semaine, où elle explique comment ce label se structure et permet de lutter contre la surproduction et ses effets sur le changement climatique, dont les industries de fast fashion sont en grande partie responsables.
  • Najat Vallaud-Belkacem, directrice de ONE France, co-signe une tribune sur l’évasion fiscale, appelant l’Union européenne à faire le choix de la transparence financière.

LES CHIFFRES :

  • Chaque dollar investi dans les programmes de repas scolaires rapporte 20 dollars grâce à l’amélioration du capital humain et de l’économie locale.
  • Un seul pays, l’Afrique du Sud, a atteint l’objectif de la déclaration d’Abuja consistant à allouer au moins 15 % du budget de l’État à la santé. La moyenne du continent est de 5,9%.

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