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Sécheresse : comment s’adapter pour surmonter les crises ?

Analyse

L’eau recouvre 72 % de la surface du globe, soit l’équivalent de 1 400 millions de km3. Avec une telle réserve, jamais nous n’aurions pu penser que l’humanité serait un jour à court de cette précieuse ressource. Pourtant, alors que les périodes sans pluie se multiplient, la question des sécheresses à répétition devient centrale.

La sécheresse s’explique par un déficit pluviométrique temporaire, qui n’est pas propre au climat de la zone touchée, mais qui dure suffisamment longtemps pour être dommageable. En France, on considère qu’il y a sécheresse absolue lorsqu’aucune goutte de pluie (soit moins de 0,2 mm/jour) n’est tombée pendant 15 jours consécutifs.

Quelles sont les principales causes d’une sécheresse ?

La sécheresse est un phénomène naturel qui survient lorsque dans une région ou un pays, la quantité d’eau disponible est inférieure aux besoins en eau et cela pendant une période prolongée. 

Les causes de la sécheresse sont multiples :

  • Le manque de précipitations : c’est la principale cause de sécheresse. Si une région ou un pays ne reçoit pas suffisamment de pluie pendant une longue période, les réserves d’eau nécessaires diminuent rapidement.
  • Évapotranspiration : ce phénomène se produit lorsque l’eau est évaporée de la surface de la terre et que les plantes l’utilisent pour leur croissance. Si l’évapotranspiration est plus élevée que la quantité de précipitations, la sécheresse peut s’installer.
  • Les températures élevées : elles peuvent causer une évaporation accrue de l’eau, ce qui peut entraîner une diminution de la quantité d’eau disponible pour les populations, les plantes et les animaux. En cas de précipitations insuffisantes durant l’hiver et le printemps (entre septembre et mars), les réserves d’eau ne peuvent pas se recharger comme elles le devraient afin de maintenir un équilibre hydrologique.
  • Le changement climatique et la déforestation qui peuvent entraîner des conditions météorologiques extrêmes, des températures élevées plus intenses, y compris des sécheresses prolongées.
  • L’utilisation excessive des ressources en eau : Si ces réserves sont utilisées à un rythme plus rapide que leur renouvellement naturel, cela peut conduire à une diminution des réserves d’eau et à une sécheresse.

Les facteurs sont nombreux et peuvent interagir de manière complexe entre eux, contribuant ainsi à des périodes accrues de sécheresse dans une région ou un pays donné.

Quels facteurs influencent l’état des nappes phréatiques ?

Les nappes phréatiques sont des réservoirs d’eaux souterraines stockées à faible profondeur dans des roches poreuses et perméables. Elles sont suffisamment proches de la surface pour être accessibles aux activités humaines.

Ces nappes constituent la principale source d’eau potable : en France, 62 % de l’eau potable provient des eaux souterraines et 38 % provient des eaux de surfaces, issues des torrents, rivières, ou des lacs.

Plusieurs facteurs influent sur l’état des nappes phréatiques :

Tout d’abord, les précipitations : l’eau de pluie s’infiltre dans le sol et recharge les nappes phréatiques. Plus il pleut, plus nous avons de ressources en eau.

Ensuite, le type de sol a une incidence sur la façon dont l’eau s’infiltre et atteint les nappes phréatiques. Les sols argileux ont tendance à retenir l’eau, tandis que les sols sableux permettent une infiltration plus rapide.

La topographie du territoire a elle aussi une influence sur la vitesse à laquelle l’eau s’infiltre dans le sol et atteint les nappes phréatiques. Les zones en pente ont tendance à favoriser l’écoulement de l’eau, tandis que les zones planes peuvent permettre une infiltration plus lente.

La végétation environnante joue également un rôle important : les racines des plantes permettent une meilleure infiltration de l’eau dans le sol, tandis que l’évapotranspiration réduit la quantité d’eau disponible pour les nappes phréatiques.

Enfin, l’utilisation de l’eau au quotidien par les populations, par le secteur industriel joue un rôle primordial. Une utilisation excessive de l’eau peut entraîner une baisse du niveau des nappes phréatiques. Les activités humaines telles que l’irrigation, l’industrie textile, agricole et la consommation domestique peuvent toutes avoir un impact sur l’état des nappes phréatiques. Par exemple, on constate que la consommation globale d’eau dans l’industrie textile est alarmante : celle-ci engloutirait près de 93 milliards de mètres cubes d’eau par an, selon la Fondation Ellen MacArthur.

Comment prévoir et anticiper une pénurie d’eau ?

Prévoir et anticiper une pénurie d’eau est essentiel pour garantir la sécurité des populations et la durabilité des ressources en eau.

Plusieurs actions sont primordiales à mettre en œuvre afin de pouvoir prévoir et anticiper une pénurie d’eau.

La surveillance quotidienne des niveaux d’eau est importante. Réservoirs, rivières, fleuves, lacs et nappes phréatiques sont à contrôler régulièrement afin d’analyser leurs niveaux et pouvoir détecter les signes d’une baisse significative. Des capteurs et les stations météorologiques peuvent ainsi être utilisés afin de recueillir des données précises et en temps réel.

Les hydrologues et scientifiques en météorologie ont des outils à leur disposition pour prévoir, par exemple, les périodes de sécheresses prolongées ou autres phénomènes météorologiques importants. Par exemple, en France, l’INRAE coordonne un outil opérationnel de prévision des débits des rivières qui aide les services de l’État à anticiper les sécheresses sévères, de manière à prendre les mesures de restriction de consommation d’eau adaptées.

En France, les ressources en eau sont gérées par bassin hydrographique qui sont délimités par les lignes de partage des eaux superficielles. Ainsi, on dénombre 12 bassins en métropole et en Outre-mer.

Aujourd’hui, il existe en France 4 niveaux d’alerte face aux situations de sécheresse : 

  • Le niveau « d’appel à la vigilance » qui encourage l’ensemble des usagers, qu’ils soient industriels, agriculteurs, collectivités ou particuliers, à faire preuve de sobriété dans leur consommation d’eau quotidienne et à mettre en place des pratiques plus mesurées.
  • Le niveau « d’alerte » qui restreint l’usage de l’eau entre certaines heures pour limiter sa perte par évaporation. Ces mesures visent à réduire la consommation au profit d’équipements plus économes.
  • Le niveau « d’alerte renforcée » qui amène à une limitation progressive des prélèvements en eau et à un renforcement des mesures de restriction, si nécessaire, afin de ne pas atteindre le niveau de crise.
  • Le niveau de « crise » qui engendre des interdictions afin de préserver l’eau pour des usages prioritaires, tels que la santé, la sécurité civile, l’eau potable, la salubrité et l’abreuvement des animaux.

Quelles sont les prévisions de sécheresse à l’échelle mondiale ?

Un rapport publié en 2021 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), affirme qu’il est nécessaire d’améliorer la surveillance et la gestion de l’eau ainsi que les alertes précoces correspondantes pour faire face à l’augmentation des aléas hydrologiques et du stress hydrique.

Le secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas a ainsi déclaré que « Le manque d’eau continue d’être une source majeure de préoccupation pour de nombreuses nations, notamment en Afrique. Plus de 2 milliards de personnes vivent dans des pays soumis à un stress hydrique et souffrent du manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement ».

De plus, selon les chiffres présentés dans ce rapport, en 2018, 3,6 milliards de personnes n’ont pas eu un accès suffisant à l’eau pendant au moins un mois. D’ici à 2050, elles devraient être plus de 5 milliards.

Quelles sont les principales solutions pour lutter contre la sécheresse ?

Afin de lutter contre la sécheresse et de prévenir les pénuries d’eau, plusieurs solutions doivent être mises en place au niveau local, national et international :

  • Améliorer la gestion de l’eau en révisant les infrastructures ou en créant des systèmes d’irrigation intelligents afin d’anticiper les manques ;
  • Sensibiliser et éduquer la population à la consommation d’eau au quotidien ;
  • Renforcer et adopter des législations coordonnées sur l’eau et le climat (comme la directive-cadre sur l’eau qui a été publiée en 2000, la directive-cadre sur l’eau (DCE) et qui a pour objectif d’atteindre un état satisfaisant de toutes les masses d’eau d’ici 2027) ;‍
  • Augmenter les financements alloués à l’eau au niveau mondial. Selon les estimations de la Banque mondiale, pour atteindre les cibles mondiales des ODD, les investissements pour les infrastructures doivent tripler et atteindre 114 milliards de dollars par an, chiffre qui n’inclut pas les coûts de fonctionnement et d’entretien.
  • Réutiliser les eaux usées dans les processus industriels et agricoles et récolter les eaux de pluie ;‍
  • Augmenter la transformation de l’eau de mer en eau potable grâce au procédé de dessalement.

Quelles conséquences pour la sécheresse en Afrique ?

Les conséquences de la sécheresse qui peuvent s’étendre sur de nombreuses années rendent souvent les populations déjà touchées encore plus vulnérables. C’est pourquoi il est important d’anticiper ces phénomènes climatiques par des mesures de prévention et une meilleure gestion de l’eau.

En Afrique, lors de l’été 2022, la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Kenya, Somalie) a connu l’une des pires sécheresses sur les quarante dernières années. Les conséquences sont dramatiques pour plus de 30 millions d’habitants qui souffrent de la faim. En Éthiopie, selon l’OCHA, ce sont 24,1 millions de personnes qui ont été touchées par des précipitations inférieures à la moyenne en raison de la crise climatique,du jamais vu. L’inquiétude est grande, le phénomène n’est pas isolé. Sur les 50 dernières années, l’Afrique a enregistré un total de 1 695 aléas climatiques majeurs, principalement des inondations, des canicules et des incendies, et des sécheresses, qui ont provoqué 731 747 morts et des pertes économiques de 38,5 milliards de dollars.

Source : chiffres de l’Organisation météorologique mondiale.

La sécheresse entraîne un très faible accès à l’eau, provoquant une augmentation de la malnutrition chez les enfants, mais aussi pour des communautés entières. Au-delà des humains, bovins et bétail meurent à cause du tarissement des pâturages et des points d’eau. Et si les sécheresses ne comptent que pour 16 % de ces aléas climatiques, elles sont responsables de plus d’un quart des pertes économiques et surtout, de 95 % du total des décès.

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