« Le verdissement de l’économie mondiale nécessite d’atteindre près de 100 000 milliards de dollars d’investissements verts d’ici à 2030 pour être conforme à l’attendu de l’accord de Paris », rappelle une étude qui s’appuie sur les chiffres de la Banque mondiale.
Alors que le réchauffement climatique affecte de plus en plus de pays, la transition énergétique est l’une des réponses à apporter afin de limiter les émissions carbone. Les émissions de CO2 liées à l’énergie représentent plus de 3/4 du total des gaz à effet de serre, principalement en raison d’un recours important au charbon et au pétrole. La finance verte a un rôle à jouer. En fléchant les investissements vers des activités plus durables et portant moins atteinte à l’environnement, elle peut fortement favoriser la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables.
Finance verte : qu’est-ce que c’est ?
La « finance verte » est une notion qui définit les actions et opérations financières qui favorisent la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Elle a pour ambition de contribuer à la décarbonation de nos économies, au ralentissement du réchauffement climatique et au développement d’une économie plus durable.
La finance a un rôle majeur d’allocation des ressources dans l’économie. Ainsi, la finance traditionnelle dirige l’épargne vers les projets les plus rentables, sans prendre en compte les aspects environnementaux des investissements effectués. A contrario, la finance verte valorise des projets qui ne portent pas atteinte à l’environnement, ou qui permettent le développement d’une économie durable. Elle inclut ainsi la promotion de l’investissement dans des projets tels que les énergies renouvelables, la conservation de la biodiversité, la gestion de l’eau, l’efficacité énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La finance verte s’appuie sur différents instruments financiers tels que les obligations vertes, le marché carbone, le bonus-malus écologique, les placements et travaux verts ou encore la taxe carbone.
Quels impacts et quels objectifs pour la finance verte ?
La finance verte porte comme ambition de contribuer à la décarbonation des économies et a pour objectif de financer des projets durables qui ont un impact positif sur l’environnement et la société. Elle doit également permettre de générer des rendements financiers.
D’un point de vue climatique, la finance verte peut accompagner la réduction des émissions de gaz à effet de serre. A cet effet, elle peut financer de nouveaux projets en lien avec le développement des énergies renouvelables, comme des parcs éoliens, des centrales solaires ou des projets hydroélectriques. La finance verte peut également soutenir des projets qui visent à améliorer l’efficacité énergétique et la réduction des déchets. Dans la même veine, la finance verte accompagne des projets qui travaillent à l’amélioration de la qualité de l’air, de l’eau, ou encore à réduire les déchets et la pollution industrielle.
Les actions ou projets développés afin d’améliorer la protection de la biodiversité peuvent s’appuyer sur la finance verte afin d’accroître les projets de conservation de la biodiversité, telles que la restauration d’écosystèmes, la protection des habitats et la réintroduction d’espèces menacées.
L’économie circulaire n’est pas en reste. En effet, la finance verte peut financer des projets qui favorisent et encouragent la réutilisation, le recyclage et la réduction des déchets.
Dans le secteur de la santé publique, le recours à la finance verte se développe afin de financer des projets qui améliorent la santé des populations comme l’accès à l’eau potable, l’amélioration des systèmes de transport et la réduction de la pollution.
Les objectifs de la finance verte sont variés et peuvent différer selon les priorités environnementales et sociales des différentes régions ou pays qui la mettent en place. Cependant, l’ensemble des projets soutenus ont un objectif fort : avoir un impact positif sur l’environnement et la société.
Quels sont les obstacles aux investissements verts ?
Bien que les investissements verts soient de plus en plus populaires, il existe encore plusieurs obstacles à leur expansion. L’obstacle principal à résoudre est un problème « d’externalité » : beaucoup d’investissements verts ne bénéficient pas assez à leurs promoteurs pour être finançables spontanément, d’où le préalable que constitue la mise en place de mécanismes d’internalisation des coûts sociaux.
D’autres obstacles sont également à soulever, dont voici quelques exemples :
- Le manque de données et de transparence : les investisseurs ont parfois du mal à obtenir des données et des informations suffisantes sur les entreprises et les projets dits verts pour évaluer leur performance et leur rentabilité.
- Les coûts initiaux sont élevés : les projets verts nécessitent souvent des coûts initiaux plus élevés que les projets traditionnels, ce qui peut dissuader les investisseurs qui cherchent à maximiser leurs rendements à court terme.
- L’incertitude réglementaire sur les politiques environnementales et les réglementations peuvent rendre difficile la planification à long terme pour les investisseurs « verts ».
- Enfin, une perception erronée des investisseurs vis-à-vis de la finance verte est encore très présente. Certains investisseurs peuvent avoir une vision limitée de la finance verte et considérer qu’elle n’est pas rentable ou que les entreprises qui la pratiquent sont moins compétitives.
Pourquoi la finance verte est-elle décisive pour les pays en développement
La finance verte est particulièrement importante pour les pays en développement, car elle peut aider à résoudre les problèmes environnementaux et sociaux tout en stimulant la croissance économique, et en créant des emplois durables.
Les pays en développement sont souvent confrontés à des défis environnementaux importants, tels que la pollution de l’air, de l’eau et des sols. La finance verte peut ainsi soutenir des projets qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le tout en investissant dans des technologies propres et en encourageant les entreprises à adopter des pratiques durables.
La finance verte peut également aider les pays en développement à accéder à des sources d’énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne et hydraulique, qui sont souvent moins chères et plus durables à long terme que les sources d’énergie traditionnelles. Dans le contexte international actuel, on voit tout l’intérêt de développer ces énergies renouvelables.
La finance verte peut aider à créer des emplois dans les industries liées à l’environnement et aux énergies renouvelables, ce qui peut contribuer à stimuler la croissance économique et à réduire la pauvreté. En parallèle, elle contribue à améliorer la qualité de vie des populations locales en soutenant les investissements dans des projets qui améliorent l’accès à l’eau potable, à des sources d’énergie propres et à des infrastructures durables.
Enfin, alors que les pays en développement peuvent avoir du mal à mobiliser des financements pour leurs projets environnementaux et sociaux, la finance verte peut les aider à mobiliser des financements privés et publics pour ces projets et ainsi contribuer à accélérer leur mise en œuvre.
Les solutions innovantes qui pourraient voir le jour grâce aux investissements verts
Les investissements verts sont un levier d’innovation important. Dans le secteur industriel, technologique ou alimentaire, les solutions innovantes moins génératrices d’émissions carbone, moins gourmandes en pétrole ou en gaz, et plus vertueuses sont attendues afin de lutter contre les effets du dérèglement climatique.
Energies renouvelables, transports, stockage d’énergie, agriculture durable, économie circulaire, recyclage, tri et gestion des déchets sont autant de sujets sur lesquels nous avons besoin d’accélerer et d’innover. La finance verte doit pouvoir soutenir le développement de ces innovations afin d’améliorer les conditions de vie des populations.
Les investissements verts pourraient catalyser de nombreuses innovations qui permettraient de protéger l’environnement, de réduire l’empreinte carbone et de créer des emplois verts.