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Cette semaine dans Ondes de Choc : Les coupures de courant entraînent des pertes économiques en Afrique du Sud, 14 000 nigérians poursuivent Shell à Londres, le secteur de la santé africain souffre de la fuite des cerveaux, et plus encore.
ACTUALITES
Coupures d’électricité : L’Afrique du Sud a franchi le triste cap des 100 jours consécutifs de coupures d’électricité. Outre les désagréments causés par les coupures de courant quotidiennes, la crise perturbe l’approvisionnement en eau et entraîne une flambée des cambriolages. Les entreprises sont particulièrement touchées et certaines répercutent l’augmentation de leurs coûts sur les consommateurs, qui peinent déjà à joindre les deux bouts. La banque centrale sud-africaine estime que les coupures de courant pourraient coûter jusqu’à 51 millions de dollars par jour. La crise énergétique met en avant l’échec de la compagnie d’électricité nationale et est devenue l’un des principaux obstacles politiques pour le président Cyril Ramaphosa, qui entame son second mandat. Les chefs d’entreprise ont demandé avec insistance au président de procéder à un remaniement de son cabinet ministériel, notamment dans les domaines de l’énergie, des mines et des transports.
Folie furieuse : Près de 14 000 nigérians de deux communautés du delta du pays ont déposé des plaintes contre Shell devant la Haute Cour de Londres. Ils tiennent la grande compagnie pétrolière pour responsable de la pollution qui a dévasté des sources d’eau et des terres agricoles. Shell, qui a réalisé 39,9 milliards de dollars de bénéfices en 2022 – le montant le plus élevé des 115 ans d’histoire de la société – nie toute responsabilité. Elle impute la pollution à des voleurs de pétrole et affirme qu’elle n’est pas responsable des actions de sa filiale nigériane. Une étude de 2017 a révélé que les nourrissons étaient deux fois plus susceptibles de mourir au cours de leur premier mois si leur mère vivait à moins de 10 kilomètres d’une marée noire. Pendant ce temps, BP – qui, il y a vingt ans, a tenté de se rebaptiser « Beyond Petroleum » (au-delà du pétrole) – réduit ses objectifs climatiques à la baisse suite à des bénéfices records. Apparemment, les activistes pour le climat sont les seuls à pouvoir se permettre de prendre la crise climatique au sérieux. 👀
Incitation : Le chômage est l’une des principales raisons de la montée de l’extrémisme en Afrique subsaharienne, selon une nouvelle étude du PNUD. Environ 25 % des 2 200 personnes recrutées volontairement par des groupes extrémistes ont cité les opportunités d’emploi comme principale raison de leur adhésion. Il s’agit d’une augmentation de 92 % par rapport aux résultats d’une étude similaire menée par le PNUD en 2017. La pression des pairs est la deuxième cause de recrutement. Les femmes sont moins susceptibles que les hommes de rejoindre un groupe extrémiste pour des raisons idéologiques, et quand elles le font, c’est davantage pour rejoindre leur famille, et en particulier leur mari. Les hommes ont eux tendance à s’enrôler avec des amis. La religion a été citée comme principale raison de recrutement par 17 % des répondants, soit une baisse de 57 % par rapport aux résultats de 2017. Une année supplémentaire à l’école réduit la probabilité d’un recrutement volontaire de 13 %.
Des rebelles rebelles : Les dirigeants de la Communauté d’Afrique de l’Est semblent être à court de solutions pour lutter contre la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CAE ont simplement renouvelé leurs appels au cessez-le-feu immédiat et au retrait de toutes les troupes étrangères présentes dans la région. La RDC accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 et d’attiser les tensions entre les deux pays. Cette situation, ainsi que le désir de la RDC d’adopter une approche plus agressive à l’égard des rebelles, complique le processus de résolution du conflit. Les dirigeants de la CAE devraient tenir compte des paroles du pape François lors de sa récente visite : « La paix ne tombera pas du ciel ». Le bien-être de millions de Congolais en dépend.
Le Kenya y croit : La semaine a été riche en événements au Kenya. Voici les dernières nouvelles :
- Raila Odinga, qui a perdu les élections présidentielles en août face à William Ruto, continue de contester la légitimité des résultats. L’homme de 78 ans a fondé un mouvement de résistance de la jeunesse, appelé « Mouvement pour la défense de la démocratie ».
- Le Sénat examine un projet de loi qui obligerait les anciens présidents à payer des impôts comme tout le monde. Le projet de loi prévoit à la place des exonérations fiscales pour les personnes handicapées et les minorités.
- Le président Ruto a réduit le personnel de sécurité de son prédécesseur Uhuru Kenyatta, ce qui a conduit certains à affirmer qu’il s’agissait d’une mesure politique et non d’une « rationalisation du personnel », comme l’affirment certains officiels du gouvernement.
- Un tribunal kényan a décidé que Meta, la société mère de Facebook, pouvait être poursuivie en justice pour les troubles psychologiques subis par les modérateurs après avoir été exposés de manière répétée à des contenus violents.
Pression et traction : Un nouveau projet de loi français sur l’immigration visant à attirer les professionnels de santé étrangers pourrait aggraver l’exode des praticiens des pays africains, selon certains critiques. L’Afrique francophone est déjà la deuxième plus grande source de personnel de santé étranger de la France en dehors de l’Union européenne. La fuite des cerveaux de ces professionnels est favorisée par de multiples facteurs, comme le manque d’emplois, des mauvaises conditions de travail et des bas salaires. Confrontés à des contraintes budgétaires, de nombreux gouvernements africains éprouvent des difficultés à réaliser les investissements nécessaires dans leurs systèmes de santé publique, notamment le recrutement de médecins diplômés. Selon des experts de la santé, les pays à revenu faible devraient consacrer au moins 5 % de leur PIB et 86 dollars par habitant pour garantir l’accès de tous les citoyens aux services de soins de santé primaires. Actuellement, seuls 13 pays africains remplissent ces deux objectifs.
Répliques sismiques : Les dirigeants africains ont exprimé leur solidarité avec les populations de Turquie et de Syrie à la suite des tremblements de terre dévastateurs récents qui ont fait plus de 17 000 morts. Une opération de recherche et de sauvetage sud-africaine « Gift of the Givers » a envoyé des chiens renifleurs, des médecins et des secouristes, tandis que le Maroc et l’Algérie ont envoyé des équipements de sauvetage et 115 tonnes de médicaments, de nourriture et de tentes dans les villes touchées. Sept sud-africains étaient détenus dans une prison turque qui s’est effondrée, et les températures glaciales menacent la sécurité des personnes encore coincées sous les décombres.
L’ÉQUIPE DE ONE EN ACTION :
- Ce lundi, c’était la Journée internationale contre les mutilations génitales. Il y a quelques mois, nous recevions Ramata Kapo, Présidente de l’association Excision, parlons-en, sur notre podcast ONE World. Pour en savoir plus sur ce sujet, (ré)écoutez l’épisode ici.
- Si vous avez manqué la sortie de notre hymne à la solidarité, co-composé par David Hallyday et Christophe Mali, du groupe Tryo, retrouvez le clip ici ! À travers cet hymne, nous appelons collectivement à plus de solidarité face à la situation préoccupante dans laquelle se trouvent les populations des pays à revenu faible.
LES CHIFFRES :
- 270 000 : Le nombre de décès par an en Afrique subsaharienne à cause de médicaments antipaludiques falsifiés et de mauvaise qualité.
- 2 : Le nombre de Grammy Awards remportées par des artistes africains cette année.
- 0,6 % : Le pourcentage des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables sur le continent africain en 2021, soit son plus bas niveau depuis 11 ans.