Derrière l’accord sur la création d’un fonds d’aide aux premières victimes du changement climatique, que retenir de la COP27 ? Pas de garantie de financement du fonds en question, pas de plans de réduction des émissions polluantes, et surtout une surreprésentation inquiétante des lobbyistes du secteur des énergies fossiles, plus nombreux que les délégués des pays les plus touchés par le changement climatique.
La décision de la COP27 a le mérite d’exister : les 196 pays participants se sont accordés sur la création d’un fonds d’aide aux pertes et dommages subis par les pays les plus touchés par la crise climatique. Toutefois, au-delà de l’effet d’annonce, aucun engagement de moyens n’a été pris pour donner vie à ce fonds.
Les Etats ont appelés les institutions financières, et notamment les banques multilatérales de développement, à « revoir leurs pratiques et priorités », objectifs chiffrés à l’appui. Mais là aussi, il n’y a pas vraiment eu de mécanismes contraignants définis pour s’assurer de l’engagement de ces acteurs financiers.
Il y a pourtant urgence, alors que 22 pays africains frôlent la faillite, et que la réforme de ces banques multilatérales de développement pourrait mobiliser jusqu’à mille milliards de dollars de financements supplémentaires pour les pays pauvres.
Les pays les plus riches ont eux aussi montré peu d’entrain, se gardant bien de proposer un calendrier pour atteindre l’objectif des 600 milliards de dollars US de financement climatique 2025, une promesse encore loin d’être tenue
L’Union Européenne a pour sa part promis plus d’un milliard d’euros d’aide à l’adaptation au changement climatique pour l’Afrique, dont la France pourrait être l’un des premiers contributeurs. L’engagement est ambitieux, mais encore loin d’assurer la couverture des 580 milliards de dollars que pourraient représenter les pertes et dommages subis par les pays à revenus faibles d’ici 2030.
Porte ouverte aux pollueurs, moins aux pays victimes de cette pollution
La faute, peut-être, à la présence des compagnies pétrolières et gazières à ce sommet. Cette première historique interroge, surtout quand celles-ci revendiquent un leadership sur la lutte contre le réchauffement climatique. Fait notable : il y avait plus de lobbyistes du secteur des énergies fossiles que de représentants des dix pays les plus touchés par le réchauffement climatique…
Le G20 ne peut pas se vanter de faire mieux en termes de représentativité : l’Union Africaine n’y a toujours pas le statut de membre permanent, quand bien même les 17% de la population mondiale représentés par l’Afrique ne le sont au G20 que par l’unique siège sud-africain. Pour le sommet de cette année, la conclusion est encore plus faible que la COP27 : le communiqué des chefs d’Etats et de gouvernements s’est contenté de rappeler les engagements antérieurs et les demi-mesures, sans aller plus loin. Les dirigeants du G20 ont réaffirmé leur engagement de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, ce qui peut apparaître comme une réussite au vu de la présence de nombreux négociateurs pour qui 2°C serait bien plus arrangeant.
L’Allemagne a néanmoins annoncé contribuer à hauteur de 170 millions d’euros au nouveau Bouclier mondial contre les risques climatiques. Si le G7 et le V20 (le groupe des 20 pays les plus exposés aux conséquences du changement climatique) ont approuvé cette contribution, les détracteurs de ce « bouclier » y voient une sorte de distraction visant à éclipser la demande de création d’un fonds dédié, qui serait plus efficace que l’assurance que prétend être le Bouclier mondial. Reste à espérer que plus d’engagements concrets ressortiront du sommet sur le climat demandé par Emmanuel Macron d’ici juin 2023.