Ce billet de blog a été rédigé par Inas El Aidi, jeune Ambassadrice de ONE.
Le jeudi 7 avril 2022 a eu lieu une conférence sur l’aide publique au développement (APD) française dans le campus de Reims de Sciences Po Paris, en présence de Najat Vallaud-Belkacem, directrice de ONE France. Cette conférence a été organisée à l’initiative d’Inas El Aidi et Thibaud Zrein, jeunes Ambassadrice et Ambassadeur de ONE.
L’APD est-elle en voie d’atteindre ses objectifs ? Ne maintient-elle pas une forme de dépendance des pays bénéficiaires ? Comment la réformer ? Ces questions ont donné lieu à un vif débat entre Najat Vallaud-Belkacem et les étudiant·e·s de Sciences Po.
Depuis des années, ONE mène une campagne acharnée orientée sur l’aide publique au développement dans le but de pousser le gouvernement français à s’engager plus concrètement sur le sujet. Il nous a paru intéressant de voir ce que des étudiant·e·s pouvaient penser de l’APD et apporter comme recommandations.
C’est pour cela que nous avons décidé de constituer des groupes de travail avec des étudiant·e·s de Sciences Po et d’organiser des sessions de brainstorming, en amont de la conférence, sur quatre thématiques en rapport avec l’APD : l’égalité femmes-hommes, l’urgence climatique, l’éducation et les intérêts économiques de l’APD française. Nous avons pu discuter plus concrètement des réalités et des controverses que pose l’APD, et des pistes de réflexion pour l’améliorer.
Au milieu des années 1960, l’Occident a mis en place l’APD dans l’optique d’aider les pays à faible revenu à réaliser leur décollage économique. Celle-ci a été effectivement porteuse de progrès : lutte contre les maladies, combat contre l’extrême pauvreté, promotion de l’accès à l’éducation. Des milliards d’euros ont donc été investis par les pays les plus riches dans le but de favoriser le développement des pays les moins avancés, notamment en Afrique.
Pourtant, cette aide n’est pas parfaite. Certains reproches qu’on peut lui faire portent notamment sur le fait qu’elle ne respecte pas toujours ses objectifs :
- Par exemple, l’éducation constitue l’un des premiers postes de dépenses de l’APD française avec plus de 1,2 milliard d’euros dépensés. Mais en réalité, cette aide est composée majoritairement de bourses et de frais d’écolage d’étudiants étrangers sur son propre territoire. Rapportée à l’APD globale, ce sont finalement seulement 3 % de l’aide publique de la France qui sont consacrés à l’éducation primaire et secondaire dans les pays bénéficiaires, alors que les objectifs internationaux visent à en consacrer au moins 15 %.
- Un autre exemple : l’APD ne prend pas encore suffisamment en compte les inégalités femmes-hommes. Les activités d’aide visant des programmes consacrés à l’égalité femmes-hommes et à l’autonomisation des femmes en tant qu’objectif principal ne représentent que 4 % de l’aide bilatérale ventilable.
- Enfin, certains projets de l’Agence française de développement (AFD) peuvent nuire à l’environnement, notamment AgriPalma et ses plantations d’huile de palme dans les parcs naturels de Sao Tomé, qui peut accentuer la déforestation du pays.
Il est donc important de plaider pour une augmentation de l’APD mais aussi une meilleure efficacité. Il faut également l’amener à respecter ses objectifs, comme le font de nombreuses ONG et figures politiques qui soulignent l’importance de la réduction de la pauvreté, de la paix et de la stabilité.
En effet, l’APD a également des effets bien concrets et on ne peut pas souligner ses limites sans apporter de solutions. En 2020, elle a participé au financement des Instituts Pasteurs du Sénégal, Guinée et Niger à hauteur de milliards d’euros.
De plus, l’APD représente aujourd’hui une myriade de projets à travers le soutien économique aux TPE et aux PME, le financement d’infrastructures nécessaires qui aident directement les pays et les investissements dans le secteur éducatif. La contribution de la France au Partenariat mondial pour l’éducation en 2018 a permis à 2 millions d’enfants supplémentaires de compléter leur cycle scolaire, à 137 000 enseignants de bénéficier de formations mais aussi de distribuer 16 millions de manuels scolaires et de construire plus de 1 800 salles de classe supplémentaires.
L’APD est loin d’être exempte de tout reproche. C’est la raison pour laquelle il faut veiller à ce qu’elle serve aux États qu’ils la reçoivent, en renforçant sa transparence et en s’assurant qu’il y ait une cohérence entre les financements de projets par l’APD et les besoins réels des États.