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Apprendre du passé : comment les leçons tirées en matière de lutte contre le sida peuvent-elles nous aider à mettre fin au COVID-19 ?

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En 2020, les enjeux de santé publique sont réapparues au cœur de nos inquiétudes et de nos efforts. La dernière fois qu’une question de santé prenait tant d’espace dans les préoccupations internationales, c’était lors de l’épidémie de VIH (communément appelé “sida”). Il y a deux décennies, celui-ci tuait encore près de 4 000 personnes chaque jour tandis que les nouvelles contaminations doublaient d’année en année. 

Depuis lors, la lutte mondiale contre le sida a considérablement progressé avec un nombre de décès réduit de plus de moitié. Aujourd’hui, 25,4 millions de personnes reçoivent un traitement contre le sida qui peut leur sauver la vie.  

Le succès de la lutte contre le sida est un rappel de ce qu’on peut accomplir quand nous sommes équipés de volonté politique et de financements durables et à la hauteur des enjeux. Mais ces progrès s’accompagnent de défis à relever. Alors que plus de la moitié des personnes atteintes du VIH ont désormais accès à des médicaments vitaux, 12,6 millions de personnes ne reçoivent toujours pas de traitement. En 2019, 690 000 personnes sont mortes du sida, tandis que les maladies liées à ce virus restent la principale cause de décès chez les femmes de moins de 50 ans. 

Alors que nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre, deux questions importantes se posent : quelles leçons tirer de la lutte contre le sida pour mieux s’attaquer à une pandémie mondiale comme le COVID-19 ? Et comment empêcher le COVID-19 de saper des décennies de progrès dans la lutte contre le VIH/sida ?

Des leçons à tirer de l’épidémie du sida

Près de quatre décennies après le début de la lutte contre le sida, de nombreux enseignements peuvent être appliqués à d’autres maladies infectieuses. En voici trois qui devraient être pris en compte dans la réponse au COVID-19 :

  • Les inégalités en matière de santé doivent être anticipées, reconnues et prises en compte. Les nouvelles infections par le VIH se concentrent de plus en plus parmi les personnes et les pays les plus pauvres, ainsi que les populations les plus vulnérables comme les femmes, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et les travailleuses et travailleurs du sexe. De la même façon, le COVID-19 touche plus particulièrement certains groupes et nécessite donc une réponse non pas uniforme, mais adaptée aux vulnérabilités de chaque groupe.
  • Dès que de nouveaux traitements et des vaccins sûrs et efficaces seront mis sur le marché, ils devront être disponibles pour tous les groupes vulnérables, quel que soit l’endroit où ils vivent. La lutte contre le sida a tragiquement démontré les effets d’une logique de marché qui détermine l’accès aux soins de santé. Lorsque des traitements efficaces contre le sida ont été découverts, il a fallu près de deux décennies pour qu’ils deviennent facilement accessibles aux populations les plus touchées en Afrique, en partie à cause de prix trop élevés et de lois contraignantes sur les brevets. Nous risquons de voir le même phénomène apparaître avec le COVID-19, alors qu’un petit groupe de pays riches – qui représente seulement 13% de la population mondiale – a déjà acheté plus de la moitié des stocks de vaccins prévus. Les dirigeantes et dirigeants politiques doivent donner la priorité d’accès aux innovations en matière de santé pour les personnes qui en ont le plus besoin, et pas seulement celles qui en ont les moyens.
  • Le leadership politique est primordial. Au début de la pandémie de sida, de nombreux gouvernements ont refusé pendant des années de reconnaître l’existence du virus et de sa létalité, ce qui a contribué à alimenter la stigmatisation et à contrecarrer les efforts de prévention et de changement des comportements. Pour le COVID-19, l’action politique a été plus réactive. Une coalition d’institutions internationales a mis en place un dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre le COVID-19 (ACT-A) afin de fournir une réponse mondiale coordonnée à la pandémie. Mais le leadership a parfois échoué, lorsque la politisation du virus a pris le pas sur la science et des vies ont été inutilement perdues. Les dirigeants mondiaux doivent écouter la science et collaborer au-delà des frontières pour faire progresser les efforts collectifs.

L’impact du COVID-19 sur le VIH/sida

Même avant le COVID-19, ONUSIDA avait prévenu que le monde n’atteindrait aucun des objectifs fixés pour 2020 en matière de progrès accomplis pour mettre fin à l’épidémie du sida. 

Aujourd’hui, le COVID-19 impacte en premier lieu les personnes atteintes du VIH, puisqu’elles sont plus à risque de développer une forme grave du COVID-19 si elles en sont infectées. De plus, les mesures de confinement et de distanciation sociale affectent la capacité des personnes séropositives à accéder aux services de santé essentiels : à la fin du mois d’octobre 2020, près de 20% des pays voyaient encore leurs services de prévention, de dépistage et de traitement des personnes vivant avec le VIH fortement perturbés.

Ces perturbations ont des conséquences mortelles : si les systèmes de santé s’effondrent ou si les services de traitement et de prévention sont interrompus, le nombre de décès dus au VIH, à la tuberculose, au paludisme et à d’autres maladies pourrait dépasser celui des décès dus au COVID-19 lui-même. Une interruption de six mois de la thérapie antirétrovirale contre le VIH pourrait entraîner plus de 500 000 décès supplémentaires dus à des maladies liées au sida, y compris la tuberculose, en Afrique subsaharienne.

Des solutions existent

Grâce à des décennies de combat, des organisations et des programmes sur le terrain ont acquis l’expérience nécessaire pour répondre aux menaces de pandémie. Parmi eux figurent le Fonds mondial, le Plan d’urgence américaine pour la lutte contre le VIH/sida (PEPFAR) et ONUSIDA, qui travaillent aux côtés des pays et des organisations internationales pour arrêter la propagation du COVID-19 et atténuer son impact sur la lutte contre le VIH. 

À titre d’exemple, le Fonds mondial s’est engagé à verser 1 milliard de dollars pour aider les pays à faire face à la pandémie, afin d’adapter leurs programmes et leurs services, et de renforcer les systèmes de santé déjà surchargés. De la même façon, le PEPFAR adapte ses orientations techniques afin de garantir que les services de santé qu’il soutient puissent répondre aux différents besoins des patients pendant la pandémie. ONUSIDA a également élaboré des orientations sur la manière dont les infrastructures sanitaires spécialisées dans le traitement du VIH/sida peuvent être utilisées pour répondre au COVID-19, et offre également des conseils sur la réduction des discriminations pendant la lutte contre la pandémie. 

Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du terrain dans la lutte contre le sida dans la prochaine décennie. Nous devons investir pleinement dans la lutte contre les différentes épidémies, nous concentrer sur les personnes les plus vulnérables et les plus difficiles à atteindre, et investir un financement plus durable pour le VIH/sida et des systèmes de santé résilients.

Pour en savoir plus, consultez notre rapport.

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