Cette tribune a été publiée le 07 avril 2020 dans Le Monde.
Parce qu’il est désormais clair que la pandémie qui nous affecte ne connait pas de frontières. Clair qu’elle sera plus violente encore envers les plus vulnérables d’entre nous et en particulier dans les pays ou une majorité de la population vit dans l’extrême pauvreté, sans filets sociaux de sécurité et est, quel que soit son âge, sujette à de nombreuses autres maladies.
Parce que les tests, le dépistage, le traitement des malades s’imposent à tous, mais qu’il est des pays ou les systèmes de santé sont soit inexistants, soit déjà saturés par le traitement d’autres pandémies mortelles.
Parce que le confinement des populations, les restrictions de déplacement et les distances entre personnes sont des réponses indispensables, mais qu’il est des pays où les gens ne peuvent manger le soir que ce qu’ils ont gagné dans la journée.
Parce que la crise sanitaire se double dans ces mêmes pays de crises alimentaires, financières, économiques, déjà à l’œuvre.
Chaque pays doit prendre sa part, mais certains pays le pourront moins que d’autres.
Comment consacrer les milliards d’aide nécessaires à maintenir les foyers et les petites entreprises de son pays, quand on croule sous les dettes ? Comment faire face avec quelques lits d’hospitalisation par dizaines de milliers de patients ? Comment espérer une gestion efficace de la crise dans des territoires minés par les conflits et la faiblesse des institutions démocratiques ?
Il faut imaginer dès maintenant les conséquences en chaîne, mortelles, économiques, politiques et géopolitiques de cette hyper-vulnérabilité pour le monde entier.
Ce qu’il adviendra après dépend de nos actes dès maintenant. L’heure est plus que jamais à la solidarité.
La seule réponse qui ait jamais démontré son efficacité consiste à faire cause commune pour protéger la santé de tous partout dans le monde.
J’ai pour ma part décidé de rejoindre les efforts de l’ONG ONE, qui se bat depuis des années pour lutter contre l’extrême pauvreté et les maladies évitables dans le monde.
Parce qu’une pandémie mondiale exige une réponse mondiale, nous lançons aujourd’hui ensemble une campagne appelant chacun de nos gouvernements et de nos entreprises à soutenir un plan de lutte contre le COVID-19 à l’échelle internationale.
Relayez-la. Ne considérez pas qu’il faille, en cette période d’inquiétude partagée pour nos plus proches, se désintéresser de ce qui se passe un peu plus loin. Rappelez-vous : le virus ne connait pas de frontière. Et ne disparaitra pas tant qu’il continuera à affecter un seul d’entre nous.
Najat Vallaud-Belkacem, Nouvelle directrice France de ONE.