Par Gayle E. Smith, Présidente et CEO de ONE et (RED)
Ça y est, l’heure de Davos a sonné. Les dirigeant.e.s les plus puissant.e.s du monde sont en Suisse pour la réunion annuelle du Forum économique mondial, où ils.elles passeront la semaine à la montagne pour discuter des problèmes du monde.
Ces problèmes s’accumulent. La crise iranienne a réaffirmé les questions sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la région la plus instable du monde. Les incendies en Australie nous rappellent chaque jour notre incapacité à répondre de manière adéquate à la crise climatique. Et, alors que le compte à rebours est lancé pour atteindre les Objectifs de développement durable d’ici 2030, les progrès en matière de développement humain restent plus précaires que jamais – nous sommes loin d’être sur la bonne voie, sur tous les plans.
Le Forum de Davos devrait donc être plus pertinent que jamais, mais en réalité, il risque d’apparaître obsolète, dépassé et désuet. Il est temps d’accepter que le meilleur moyen de trouver les réponses à ces problèmes n’est peut être pas un rassemblement de milliardaires dans une station de ski suisse haut de gamme.
Ne vous méprenez pas, le Forum économique mondial a été une force déterminante au cours des 50 dernières années et a joué un rôle clé dans le développement de nombreuses initiatives et partenariats à l’origine de progrès importants dans la lutte contre l’extrême pauvreté, les maladies évitables et les injustices mondiales. Mais, comme l’a dit un jour un général en regardant vers l’avenir, « si vous n’aimez pas le changement, vous aimerez beaucoup moins le manque de pertinence ».
Dans cette optique, voici cinq choses à prendre en compte pour les hommes – et les femmes, bien que beaucoup moins nombreuses (78% des délégués de Davos en 2019 étaient des hommes) –présent.e.s à Davos :
- Les actions en disent plus que les mots
Vingt ans se sont écoulés depuis le lancement de Gavi, l’Alliance pour les vaccins, qui a sauvé des millions de vie. C’est ce que Davos a fait de mieux. Pourquoi ne pas utiliser votre poids politique pour lancer la campagne de reconstitution de ce programme sous les meilleurs auspices, et faire en sorte qu’il soit entièrement refinancé pour les quatre prochaines années ?
- Laisser la place à une nouvelle génération de militants
L’une des leçons les plus inspirantes des années 2010 a été la capacité des gens ordinaires à se rassembler pour réaliser des choses extraordinaires. Des grèves climatiques avec Extinction Rébellion à #MeToo, aux manifestations de masse dans les pays du monde entier en passant par les marches contre les violences faites aux femmes, les mouvements les plus puissants aspirants au changement ont été organisés par la société. Le moment est peut-être venu de reconnaître cela et de donner la parole à ces véritables acteurs.trices du changement.
- Reconnaître la synergie entre le développement du capital humain et le changement climatique
La crise climatique a enfin, et à juste titre, frappé les esprits du monde entier. Mais il est encore alarmant de constater le peu d’attention accordé au fait que ce sont les habitant.e.s des pays les plus pauvres du monde qui sont les plus durement confronté.e.s aux conséquences de la crise climatique. Leur vie dépend des ressources naturelles et ils.elles n’ont pas de moyens de défense face aux modifications de leur environnement. Le changement climatique est un accélérateur de la pauvreté. Pourquoi ne pas déclarer que vous allez utiliser votre argent et votre pouvoir afin de garantir que le développement du capital humain, la lutte contre la pauvreté et la crise climatique soient abordés ensemble ?
- L’endroit
Davos est magnifique. Mais soyons honnêtes : c’est cher, difficile d’accès et bien plus idyllique que le monde actuel pour la plupart des gens. Quoi de mieux, pour montrer que le Forum économique mondial évolue, que de déplacer la réunion annuelle dans un lieu plus accessible ? Cela serait l’occasion de faire participer des personnes d’horizons plus larges et d’inclure celles-ci dans les discussions sur les problèmes de notre monde et les solutions possibles.
- Se préparer à penser l’impensable
Malgré tous les progrès réalisés, l’ampleur et la complexité des défis auxquels le monde est confronté actuellement font que nous ne pouvons nous contenter des mêmes anciennes solutions. Nous devons penser plus large et être plus audacieux. La solution se trouve certainement dans un programme de changement radical qui s’attaquerait aux inégalités systématiques en nous obligeant tous, y-compris les plus hauts responsables, à modifier notre façon de faire afin de mieux utiliser les ressources, talents, connaissances et compétences de chacun.e et ainsi façonner un avenir meilleur.
Ce blog a été traduit de l’anglais par Priscille Ducrocq, stagiaire Policy & Advocacy de ONE à Paris. Retrouvez la version originale ICI.