Cette pandémie nous rappelle brutalement à quel point notre monde est maintenant interconnecté. Pour assurer la santé et la sécurité de nos citoyens, nous devons vaincre la COVID-19, où qu’elle se trouve.
Premier ministre Justin Trudeau, 28 mai 2020.
Il est bon d’entendre le premier ministre Trudeau exprimer cette réalité. Même si l’on souhaite d’abord prioriser les impacts de la crise sur les populations locales, elle demeure de par sa nature un phénomène planétaire. Nul d’entre nous n’est en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous.
Alors, comment vaincre la COVID-19 ici et partout dans le monde ?
En investissant.
En recourant à la recherche et au développement.
En cessant de percevoir des paiements de dettes auprès des pays pauvres.
Manifestement, ce n’est pas si simple. La recherche d’un vaccin est laborieuse. La bonne nouvelle, c’est que les scientifiques du monde entier déploient des efforts sans précédent pour en faire la découverte en un temps record, et plusieurs estiment que cela se concrétisera d’ici 1 à 2 ans.
Mais trouver un vaccin qui fonctionne n’est que la première étape. Nous devons aussi investir en fabriquer des milliards de doses et les distribuer dans le monde entier. Même chose pour les nouveaux traitements et les tests de dépistages. Cette pandémie ne sera éliminée que lorsque nous serons tous en bonne santé et en sécurité.
Pour y parvenir au rythme et à l’ampleur nécessaires, les pays doivent coordonner leurs efforts et mettre en commun leurs investissements. Il est bon d’entendre notre premier ministre lancer l’appel à une action mondiale, mais le gouvernement canadien doit maintenant joindre le geste à la parole.
Investir 1 % dans une réponse d’urgence mondiale
Dès les premiers instants de la crise, notre gouvernement a agi rapidement pour protéger les Canadiens du virus et de ses répercussions économiques colossales. De mars à mai, il en aura coûté 146 milliards de dollars au gouvernement fédéral.
Seulement 0,13 % de cette somme a jusqu’à maintenant été consacré à l’aide internationale.
Pourtant, il s’agit d’une crise fondamentalement mondiale. Et si nous augmenterions cette contribution à seulement 1 % pour aider le reste du monde à lutter contre la COVID-19 ? Le Canada continuerait à consacrer 99 % de ses ressources à ses propres besoins, et nous aurions de meilleures chances de mettre fin à la pandémie pour de bon.
Deux domaines d’investissement sont prioritaires. Le premier concerne l’accélérateur Covid-19 (ACT Accelerator), une initiative lancée par des organisations de santé globale visant à offrir un accès homogène aux nouveaux tests, traitements et vaccins de la COVID-19 en un temps et à une échelle records, sauvant ainsi des millions de vies et faisant économiser d’innombrables sommes d’argent.
Lors du lancement de la Réponse mondiale au coronavirus le 4 mai dernier, le premier ministre mis en lumière un financement de 850 millions de dollars déjà investis presque entièrement destiné à la recherche et au développement au Canada. Pour aider le reste du monde, nous devons investir davantage auprès des partenaires de l’ACT Accelerator. Cela permettrait de mieux coordonner les efforts de recherche et de production de vaccins et de traitements et de les fournir aux pays qui en ont le plus besoin. Nous ne pouvons pas une ruée vers les vaccins qui laisserait les pays plus pauvres de côté, et nous ne voulons surtout pas en être nous-mêmes complices !
Nous devrions également investir dans la lutte contre la crise humanitaire découlant de cette crise sanitaire. Le Programme alimentaire mondial a prévenu la communauté internationale que la crise de la COVID-19 pourrait plonger 130 millions de personnes supplémentaires dans la famine. Les organisations humanitaires, comme les nombreuses ONG canadiennes qui œuvrent sur le terrain, ont un besoin urgent d’aide supplémentaire.
En investissant seulement 1 % de notre effort de lutte contre la COVID-19 pour aider le reste du monde, nous pourrions appuyer le partenariat ACT Accelerator (1,2 milliard de dollars) et le combat contre la crise humanitaire (300 millions de dollars).
Harmoniser les investissements en recherche et développement au Canada avec les objectifs d’un accès mondial et équitable
Le gouvernement fédéral a déjà investi 1,3 milliard de dollars dans des institutions de recherche et des entreprises de biotechnologie canadiennes pour les aider à développer des tests de dépistage, traitements et vaccins de la COVID-19.
Certains de ces investissements ont été évoqués par le premier ministre dans son discours sur la réponse mondiale. Mais nous devons nous assurer que cette recherche n’est pas monopolisée ou qu’elle ne profite pas uniquement aux personnes qui peuvent se permettre une surenchère des prix. Les chercheurs touchant des fonds publics devraient être tenus de partager leurs données, technologies et résultats en temps réel avec des partenaires internationaux.
Les chercheurs qui recourent à l’argent des contribuables canadiens doivent aussi mettre les produits finaux à la portée de tous ceux qui en ont besoin, que ce soit au Canada ou ailleurs dans le monde. Pour le moment, il n’est pas encore clair si les bénéficiaires des fonds publics sont tenus de le faire. Le Canada peut aider le monde à surmonter cette pandémie en insistant pour que les recherches soient transparentes et accessibles.
User de l’influence du Canada pour faire pression en faveur d’un allégement de dette accru
En avril, le G20 a conclu un accord visant à suspendre le paiement des dettes bilatérales (celles qui sont dues aux gouvernements) de 73 pays en développement jusqu’à la fin de 2020.
Il s’agissait d’une première étape importante, mais pour que les pays visés puissent dégager suffisamment de ressources pour faire face à la crise sanitaire et économique engendrée par la COVID-19, cette période devrait être portée à tout le moins jusqu’en 2021. Les institutions multilatérales, comme le FMI et la Banque mondiale, devraient également consentir un allègement de dette accru, tout comme les créanciers privés, notamment les banques commerciales.
Lorsque la pandémie a touché le Canada, le gouvernement fédéral a rapidement pris des mesures pour suspendre le remboursement des dettes à l’intérieur de son territoire. Nous devrions accorder la même souplesse aux pays dont les ressources fiscales sont nécessaires pour lutter contre la COVID-19.
Le Canada doit se positionner en faveur des pays en développement et être prêt à financer le FMI et à la Banque mondiale pour rendre possible l’allégement des dettes multilatérales.
Nous mobilisons nos plus brillants esprits scientifiques pour trouver un vaccin et les meilleurs traitements et méthodes de dépistage. Nous devons garder les yeux sur la situation dans son ensemble. Il ne s’agit pas seulement d’une crise intérieure. La seule façon de mettre fin à la crise de COVID-19 est de l’éliminer partout.
Au cours des prochaines semaines, nous nous joindrons à nos camarades de Résultats Canada et de Global Citizen Canada pour pousser le gouvernement du Canada à agir maintenant pour éliminer la COVID-19 partout.