1. Accueil
  2. Articles
  3. Budget 2023 : La promesse brisée du Canada

Budget 2023 : La promesse brisée du Canada

Après des mois de plaidoyer, y compris une réception parlementaire réussie, des réunions parlementaires de haut niveau et plus de 5 000 supporters qui ont participé à la campagne , le gouvernement du Canada n’a pas livré le résultat que nous espérions le jour du budget.

Dans le budget fédéral de la semaine dernière, le Canada a porté un coup dur au développement et à la santé mondiale avec une réduction de 15 % de l’aide internationale. Sans nouvel investissement annoncé, l’aide en proportion de notre revenu national pourrait passer à 0,25 % – 0,27 %, contre 0,32 % en 2021. Ce serait le pourcentage le plus faible depuis que le Premier ministre Trudeau est en fonction. Le gouvernement avait promis dans le discours du Trône et dans les lettres de mandat d’augmenter l’aide internationale chaque année jusqu’en 2030 et avec le budget de mardi, cette promesse a été clairement rompue.

Avec une confluence de crises – climat, conflits croissants et taux d’insécurité alimentaire et de malnutrition atteignant leur plus haut niveau en des décennies – nous aurions dû renforcer notre leadership, pas reculer.

Qu’avons-nous vu exactement dans le budget ?

  • L’enveloppe totale d’aide internationale (EAI) est projetée à 6,88 milliards de dollars pour 2023-2024, contre 8,15 milliards de dollars pour 2022-2023, soit une réduction de 15 %. Le budget de l’année dernière comprenait des dépenses qui pouvaient être considérées comme exceptionnelles, telles que pour l’ACT-Accelerator et COVAX qui étaient des réponses mondiales à la pandémie de Covid-19. Mais malheureusement, le monde continue de connaître des crises exceptionnelles, telles que la guerre en Ukraine, une crise alimentaire sans précédent dans la Corne de l’Afrique et des catastrophes naturelles liées au changement climatique, comme le cyclone Freddy qui a récemment frappé le Mozambique et le Malawi.
  • Aucun nouvel engagement en matière d’éducation, alors que l’Initiative de Charlevoix pour l’éducation des filles vient à échéance, ni pour le programme Voix et leadership des femmes, un élément phare de la politique d’aide internationale féministe du gouvernement.
  • Aucun nouvel engagement en matière de sécurité alimentaire ou de santé mondiale.
  • Augmentation des dépenses de défense en Ukraine totalisant environ 284 millions de dollars en dépenses militaires et humanitaires.

Deux résultats positifs :

  • Le gouvernement du Canada a présenté une législation très attendue pour un registre de propriété effective des sociétés. C’est un coup massif contre le blanchiment d’argent, la corruption, l’évasion fiscale et le financement du terrorisme, et cette mesure a été chaudement applaudie par une coalition d’organisations de la société civile qui ont fait campagne sur cette question pendant des années.
  • L’inclusion d’une mise à jour et du renouvellement du Tarif de préférence général et du Tarif des pays les moins développés jusqu’en 2034 qui s’appuiera sur un programme commercial progressiste et incitera les pays à adhérer aux normes internationales sur les droits humains, les conditions de travail, l’égalité des genres et le changement climatique tout en promouvant la croissance économique.

Ce budget a été une grande déception et va compromettre notre position et notre crédibilité sur la scène mondiale. Nous ne pouvons pas chercher activement des postes de leadership comme la candidature au Conseil de sécurité des Nations unies lorsque nous ne répondons pas présents avec nos investissements en matière de santé et de développement international.

Contrastons l’approche du Canada cette semaine avec celle du budget proposé par le président Biden, qui suggère au contraire d’augmenter l’aide internationale de 10 % cette année, notamment 10,9 milliards de dollars pour la santé mondiale et la sécurité sanitaire, soit une augmentation de 370 millions de dollars. L’une des motivations clés de l’investissement accru des États-Unis est de contrer l’influence politique et économique croissante de la Chine, qui fait partie de sa stratégie de levier pour le financement du développement en Afrique et en Asie-Pacifique.

Il est temps de réfléchir sérieusement à la question de savoir si le Canada peut se présenter comme un leader mondial en matière de santé et de développement, comme nous l’avons fait depuis si longtemps, et si nous serons à la hauteur des défis auxquels fait face notre monde.

A suivre

Les Canadiens encouragent le Premier ministre à investir en Afrique