De nouvelles données indiquent que le Canada délaisse les plus pauvres du monde
OTTAWA — De nouvelles données de l’Organisation de coopération et de développement économique révèlent que le Canada, qui depuis la semaine dernière assume la présidence du G7, est le seul pays de ce groupe dont le niveau d’aide publique au développement a connu une baisse en 2016 en chutant de 5,2 %.
En se basant sur l’indice mondialement reconnu de générosité nationale, soit le rapport entre l’aide au développement et les recettes nationales, le Canada n’investit maintenant que 0,26 % en développement étranger, en baisse par rapport à 0,28 % en 2015 et à ce qui était son plus haut niveau, soit 0,54 % en 1975.
Stuart Hickox, directeur canadien de ONE :
« Ce que ces données nous apprennent c’est qu’alors que les autres pays du G7 investissent plus dans le développement, le Canada investit moins. Au point où nous en sommes, avec tout ce qui se brasse dans le monde et avec le Canada qui assume la présidence du G7, c’est franchement très décevant. Ça vient miner notre honorabilité et saper notre poids politique à un moment qui devrait pour nous être propice à démontrer nos forces.
« Le Canada a une occasion unique et la responsabilité cette année de faire preuve d’un véritable leadership dans le monde, mais ça ne peut se concrétiser si le premier ministre Trudeau continue de sabrer ses dépenses d’aide au développement. La stratégie des Libéraux en matière de financement du développement, c’est à dire de mettre de l’avant une nouvelle politique et saupoudrer des ressources ici et là sans investir davantage dans des activités qui sauvent des vies, fait du Canada une aberration parmi ses pairs.
« C’est le moment pour le Canada de montrer la voie. Le premier ministre Trudeau devrait inclure dans le Budget 2018 une hausse stratégique et importante des crédits au développement et ainsi prendre l’engagement d’habiliter les filles et les femmes de partout en servant plus que des mots, mais aussi un financement approprié. Bien que nous soutenions la politique d’aide internationale qui priorise les femmes, ce ne restera que des mots sans les budgets nécessaires à sa mise en œuvre. »
Bien que l’aide publique au développement (APD) du Canada ait diminué en 2016, les constatations relatives au CAD de l’OCDE illustrent que l’aide internationale a atteint un sommet sans précédent, c’est‑à‑dire 142,44 milliards de dollars, soit une hausse de 9,23 % en valeur réelle. L’aide aux pays moins avancés (PMA) a connu une hausse de 5,4 % principalement attribuable à l’aide consentie par les institutions multilatérales. Ces statistiques confirment cependant que la proportion de cette aide sans précédent qui est acheminée vers les pays moins avancés a globalement chuté d’un pour cent, passant en 2015 de 28 % à 27 % en 2016, et ce comparativement à 32 % en 2013. Pendant ce temps, la proportion de l’aide dirigée vers l’Afrique, où habitent 50 % des plus pauvres de la planète, a chuté de 36 % en 2012 à 32 % en 2016 selon les statistiques.
Notes aux salles de rédaction
- Veuillez noter que la méthodologie de ONE analyse les apports d’aide des donateurs CAD de l’OCDE, et que tous les donateurs de CAD ne sont pas nécessairement répertoriés. ONE exclut l’allégement de la dette de tous les calculs CAD.
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