De nombreux Canadiens attendent toujours de recevoir leur vaccin, mais considérons pour l’instant la situation dans son ensemble : pour chaque dizaine de Canadiens vaccinés, nous pourrions vacciner un travailleur de la santé en Afrique. Ce geste modeste, qui ne nous empêcherait pas de poursuivre la vaccination chez nous, contribuerait grandement à mettre fin à la pandémie.
Alors que les cas de COVID-19 se multiplient et que la menace de confinement à long terme persiste, les Canadiens s’inquiètent à juste titre de tomber malades, de perdre leur gagne-pain ou même leurs proches. Mais alors que la vaccination se généralise au pays, nous pouvons faire un pas de plus vers la résolution de cette pandémie.
Une pandémie mondiale appelle une action mondiale. Malheureusement, la plupart des autres pays affichent un taux de vaccination inférieur à celui du Canada. Au rythme actuel, plus de 60 % de la population mondiale ne bénéficiera pas d’une couverture vaccinale généralisée contre la COVID-19 avant 2022, voire plus tard.
La pandémie continue de faire des ravages dans les pays les plus pauvres du monde. L’Inde est le dernier pays en date à subir le pire de la COVID-19.
Voir le virus se propager et d’autres variants se développer davantage minerait nos efforts intérieurs et placerait à nouveau notre population vaccinée en danger.
La bonne nouvelle est que les pays ont commencé à se mobiliser et à unir leurs efforts. Le président des États-Unis, Joe Biden, vient d’annoncer que son pays allait offrir des doses de vaccin aux pays du monde entier. La solution la plus efficace et la plus rapide pour stopper cette pandémie mondiale est de donner la priorité d’accès au vaccin aux travailleurs de la santé de première ligne et aux populations vulnérables partout dans le monde.
Alors, que peut faire le Canada ?
Faire don des vaccins excédentaires du Canada
Le Canada recevra au moins 48 millions de doses de vaccin d’ici la fin du mois de juin. Cela suffit amplement pour offrir à chaque Canadien au moins une première dose. D’ici la fin du mois de septembre, le Canada devrait avoir reçu au moins 117 millions de doses, sans compter les autres doses à venir, soit une quantité suffisante pour administrer deux doses à tous les Canadiens.
Les doses garanties suffiront à vacciner 100 % de la population canadienne, soit plus de 37 millions de personnes, et 52 millions d’individus supplémentaires. Pour mettre les choses en perspective, ce surplus suffirait à vacciner la totalité des travailleurs de la santé de première ligne en Afrique, et il en resterait amplement pour d’autres groupes à haut risque.
Nous savons que vacciner les travailleurs de la santé de première ligne est essentiel pour ralentir la propagation de la pandémie. Voilà pourquoi nous en avons fait une priorité absolue ici au Canada. Nous devons également accorder la priorité aux travailleurs de la santé de première ligne dans les pays plus pauvres afin de freiner l’apparition de nouveaux variants et de nouvelles mutations.
Combien de doses faut-il donner et quand doit-on le faire?
Le premier ministre Trudeau s’est engagé à faire don des doses de vaccin excédentaires. Voilà une excellente nouvelle ! Nous sommes toutefois engagés dans une course contre les variants et plus nous tardons à offrir le vaccin aux travailleurs de la santé de première ligne et aux populations vulnérables du monde entier, plus nous permettons au virus de muter et de se propager advantage.
Notre meilleure arme contre la pandémie est de vacciner simultanément les populations les plus vulnérables, chez nous et à l’étranger.
À compter de mai ou juin, pour chaque dizaine de Canadiens vaccinés, le Canada pourrait faire don d’une simple dose afin d’enrayer la COVID-19 dans les pays plus pauvres. Cela représenterait 4,8 millions de doses partagées, suffisamment pour vacciner toute la population d’un pays comme le Lesotho, tout en préservant les doses nécessaires à la vaccination de tous les adultes canadiens au cours de la même période.
De juillet à septembre, le Canada pourrait accroître ses dons tout en disposant d’un stock plus que suffisant pour que chaque adulte canadien puisse recevoir sa deuxième dose.
À l’automne, lorsque sa campagne de vaccination touchera à sa fin, le Canada devrait faire don du reste de ses doses excédentaires. Tout cela est possible, le Canada ayant préalablement acquis l’équivalent de 10 doses par habitant, soit nettement plus qu’il n’en faut pour vacciner chaque Canadien. Ce surplus ne doit pas être gaspillé. Nous devons veiller à ce que les pays les plus pauvres puissent vacciner leurs populations, pour que chacun, partout, soit en sécurité.
Où donner les doses?
Un partenariat mondial veille déjà à la distribution équitable des vaccins de COVID-19 : la Facilité COVAX. Et cette initiative fonctionne ! En date d’avril, grâce à cette dernière, plus de 49 millions de doses avaient été remises à plus de 121 pays.
La COVAX est toutefois confrontée à une grave pénurie d’approvisionnement, car les pays riches, dont le Canada, se sont préalablement pourvus d’une quantité plus que suffisante pour vacciner l’ensemble de leur population à plusieurs reprises, ne laissant que des miettes aux pays à plus faible revenu.
Il ne s’agit pas seulement d’une course contre les variants, mais aussi contre l’expiration des vaccins. C’est pourquoi le Canada doit commencer à partager ses doses excédentaires le plus tôt possible avec la COVAX, tout en veillant à ce que ces doses soient expédiées directement par le fabricant pour un déploiement rapide et une durée de conservation maximale.