La pandémie de COVID-19 a prouvé à quel point il est important de disposer de systèmes de santé solides et d’assurer la sécurité des patients et des travailleurs de la santé. Avec la Journée mondiale de la sécurité des patients, qui tombe le 17 septembre en pleine crise sanitaire mondiale, les lacunes de nos systèmes de santé sont plus apparentes que jamais.
La Journée mondiale de la sécurité des patients “appelle à la solidarité mondiale et à une action collective de tous les pays et partenaires internationaux pour améliorer la sécurité des patients”. La pandémie actuelle a malheureusement “révélé les énormes défis auxquels les travailleurs de la santé sont confrontés à l’échelle mondiale“, mais elle a également conduit à une hiérarchisation des priorités en matière de sécurité des travailleurs de la santé afin de garantir la sécurité des patients.
Toutefois, donner la priorité à la sécurité des personnes dans le système n’est qu’une partie de la solution. Pour lutter avec succès contre la COVID-19, les pays doivent engager leurs gouvernements et leur financement dans le renforcement de leurs systèmes de santé. C’est ce que préconise la déclaration d’Abuja pour les pays de l’Union africaine. Mais aujourd’hui, en pleine pandémie mondiale, les pays et les dirigeants de l’Union africaine doivent s’engager pleinement à respecter les exigences de la déclaration.
En voici les raisons.
Pourquoi la déclaration d’Abuja existe-t-elle ?
La Déclaration d’Abuja a été créée en 2001 suite à l’engagement pris par les pays de l’UA d’allouer “au moins 15% du budget annuel à l’amélioration du secteur de la santé”. La déclaration a également “exhorté les pays donateurs à accroître leur soutien”.
Les données les plus récentes concernant la Déclaration d’Abuja datent de 2011. En août de cette annee, seule la Tanzanie avait “atteint l’objectif de la Déclaration d’Abuja, à savoir “au moins 15 %”, tandis que 11 pays avaient “réduit leur contribution relative aux dépenses publiques de santé au cours de la période”. Et en 2020, le Nigeria n’a alloué que 4,1 % de ses dépenses totales à la santé. Malheureusement, même avec l’ajout d’un budget lié à la COVID-19, le ratio total des dépenses de santé n’a augmenté que de 7 %, soit moins de la moitié de l’engagement initial. Avec 55 États membres de l’Union africaine, des efforts supplémentaires sont nécessaires.
En 2016, un rapport de l’OMS a constaté qu’un certain nombre de gouvernements africains consacraient “moins de 40 % des dépenses des services de santé aux soins primaires”. Le financement provenant de parties externes et privées couvrant le reste. En 2017, un autre rapport de l’OMS a constaté que 20 pays d’Afrique subsaharienne dépendent du financement des donateurs pour “plus d’un cinquième de leurs dépenses de santé”. Les investissements nécessaires des gouvernements dans leurs propres systèmes de santé ne sont pas réalisés.
Aujourd’hui, avec une pandémie mondiale en pleine effet, ces lacunes sont exacerbées.
La COVID-19 a mis en lumière à quel point tant de pays dans le monde étaient mal préparés pour répondre à une crise sanitaire de cette ampleur. En Afrique en particulier, la pandémie “a révélé la grave pénurie d’équipements essentiels et vitaux tels que les ventilateurs et les lits de soins intensifs”. Associés à un manque de financement public pour les soins primaires, les effets de la pandémie pourraient être encore pires.
Bien que le nombre de cas confirmés de COVID-19 soit globalement inférieur en Afrique par rapport à l’Europe et à l’Amérique du Nord, la pandémie a toujours des effets dévastateurs sur le continent, augmentant les niveaux de pauvreté et de faim.
Mais avec un financement approprié et des investissements dans la préparation à long terme, ces effets peuvent être atténués.
La nécessité de réengager en faveur de la Déclaration d’Abuja
Bien que la COVID-19 ait présenté un certain nombre de défis, la pandémie représente également une occasion unique pour les gouvernements d’investir dans la préparation à long terme et de s’engager à nouveau en faveur la déclaration d’Abuja.
À l’heure actuelle, de nombreux pays africains réagissent à cette pandémie de manière très cyclique. Comme nous l’avons vu lors des précédentes crises sanitaires comme le SRAS, Zika, MERS et Ebola, des fonds sont mis à disposition pendant la crise, mais dès qu’elle prend fin, les financements et l’attention changent. Il en résulte un système de réponse vulnérable à toute crise sanitaire future.
Pour atténuer ces impacts, tous les pays du monde doivent davantage se conformer au règlement sanitaire international afin d’avoir une réponse forte à la COVID-19. De même, des fonds doivent être mis à la disposition des pays à faible revenu qui ont le plus besoin de financer leurs systèmes de santé maintenant et à l’avenir. L’objectif ultime est d’investir dans la préparation à long terme afin que, lorsqu’une autre crise sanitaire de cette ampleur se reproduira, chaque pays soit prêt à y répondre efficacement. C’est pourquoi les pays de l’Union africaine doivent renouveler leur engagement en faveur de la déclaration d’Abuja.
L’engagement demandé dans la déclaration d’Abuja est un investissement dans l’avenir. Bien qu’un certain nombre de pays au sein de l’Union africaine se distinguent par leur réponse proactive à la COVID-19, cela reste insuffisant. Chaque pays de l’Union africaine doit s’engager pleinement à allouer au moins 15 % de son budget annuel, par le biais de la déclaration d’Abuja, à l’investissement dans les systèmes de santé. Cela permettra de, garantir la sécurité des patients et des travailleurs de la santé dans le monde entier , et de s’assurer que les pays sont bien préparés à réagir lorsqu’une crise comme celle-ci se reproduira.